À partir de 1983 – il a alors vingt-six ans – et jusqu’en 1993, Ai Weiwei vit à New York. Durant cette période où, comme il le dit, il « traînait avec des amis », l’artiste se photographie à East Village où il réside, et prend des photos des lieux qu’il visite et des gens qu’il rencontre : les artistes chinois qui viennent le voir dans son petit appartement, mais aussi des amis américains,et notamment le poète Allen Ginsberg. En 1988, toutefois, l’ambiance des photographies d’Ai Weiwei change radicalement : il abandonne progressivement les portraits et les paysages urbains sereins pour s’attacher au côté sombre de la vie citadine : la misère, les sans-abri, mais aussi les manifestations en faveur des droits de l’homme et la brutalité de la répression policière. En dix ans, il accumule ainsi plus de dix mille photos, qui ne seront développées qu’après son retour à Pékin en 1993. Entre ces photos argentiques de New York – véritable journal de bord – et les photos numériques postérieures à 2005, qu’il diffusera sur blog ou par le biais de Twitter, existent des correspondances fascinantes qui font ressortir la continuité de la démarche de l’artiste.