En 2007, Ai Weiwei est invité à participer à la Documenta 12, l’une des plus importantes expositions d’art moderne et contemporain au monde, qui se tient tous les cinq ans à Cassel,en Allemagne. Pour l’occasion, l’artiste s’est sans doute lancé dans l’un de ses plus ambitieux projets artistiques tant par sa complexité que par les multiples aspects qu’il met en jeu. La pièce maîtresse consiste en effet à faire venir, à Cassel, mille et un Chinois pour une sorte d’« installation vivante » conçue comme un canal d’échange culturel. En Chine, il est extrêmement difficile d’obtenir un passeport, et plus encore un visa pour se rendre à l’étranger ; pour la plupart des gens issus de milieux modestes, une telle idée relève donc davantage du « conte de fées » que de la réalité. Pour ce projet, Ai Weiwei a recruté des concitoyens de toutes conditions, originaires de plus d’une vingtaine de provinces : ouvriers, agriculteurs, membres de minorités, gendarmes, gardiens de prison, artistes, étudiants, enseignants, etc.Ces personnes ont été photographiées et interviewées en Chine à proximité de l’endroit où elles devaient effectuer leurs démarches administratives. Dans ces portraits, l’angoisse et l’espoir se lisent sur leurs visage.