
Le 12 mai 2008, un séisme de magnitude 8 sur l’échelle de Richter frappait la province centrale du Sichuan. En quelques minutes, des villages entiers ont été transformés en amoncellements de gravats. La catastrophe a fait au moins soixante-neuf mille morts et près de cinq millions de sans-abri. Une semaine après la catastrophe, Ai Weiwei s’est rendu dans la région pour constater les dégâts. En voyant des centaines de cartables et autres affaires jonchant le sol, il a compris que la vie de milliers d’écoliers innocents avait été anéantie simplement à cause de la corruption et de la négligence des pouvoirs publics. La destruction de ces écoles construites à la va-vite est alors devenue une question politique sensible, et les démarches de l’artiste pour obtenir une liste officielle des morts et des disparus se sont heurtées à une très forte résistance, voire à de la violence : il a subi un passage à tabac par la police en août 2009, qui s’est soldé, un mois plus tard, par une intervention chirurgicale d’urgence pour rayer une hémorragie cérébrale.Les photographies prises sur les lieux de la catastrophe ont permis d’enregistrer une tragédie mais aussi de montrer sa frustration face à l’indifférence ou à l’incurie des autorités. À son retour à Pékin, Ai Weiwei et son équipe ont apporté leur soutien à une enquête sur la mort de ces enfants, ce qui l’a conduit à publier sur son blog, à l’occasion du premier anniversaire du séisme, une liste de cinq mille trois cent quatre-vingt cinq noms. Il a, par la suite, réalisé avec les cartables de neuf mille enfants une oeuvre intitulée Remembering in 2009. Il avait écrit en caractères chinois sur la façade de la Haus der Kunst à Munich, la citation d’une des mères es écoliers victimes du séisme : « Elle a vécu heureuse en ce monde pendant sept ans. »