
Le prochain leader mondial de l'animation? Sa firme, DQ Entertainment Ltd, est le principal studio d'animation en Inde et son groupe compterait 3000 personnes. Il travaille déjà avec beaucoup de studios européens et ne compte pas s'arrêter là : après la sous-traitance, bientôt la production y compris de long métrage. Entretien avec un homme qui monte.
Pixelcreation: Pouvez-vous nous situer votre société et sa place dans l'animation en Inde?
Tapaas Chakravarti :Le marché de l'animation en Inde est assez neuf. Il n'y a qu'une centaine de studios qui emploient pour la plupart entre 30 et 100 personnes chacun, et qui sont sur des petites productions ou des pubs, pour le marché local comme à l'international. Notre société DQ Entertainment (dénommée avant Dataquest M&C) est la plus grosse sur ce marché, compte environ 3000 employés (dont une vingtaine de Français), travaille déjà beaucoup à l'international et va s'introduire cet été sur la Bourse de Bombay. Nous espérons valoriser la société environ 150 millions de dollars, ce dont bénéficieront aussi nos employés à qui nous allons distribuer 500 000 actions.
Pixelcreation : Avec qui travaillez-vous, en France et ailleurs?
Tapaas Chakravarti : Nous avons 70 clients dans 17 pays. Disney est notre plus gros client, suivi de Method Films (ndlr : la société de production d'animation TV du français Aton Soumache, également producteur du film « Renaissance » à travers son autre société Onyx Films) et aussi de Sony, Universal ou Moonscoop. En France, nous coproduisons et collaborons sur les séries suivantes diffusées sur France 2 : Skyland (26x26'), Jet Groove (26x26') et Iron Man (20x26') avec Method Films, Delta State (26x26') avec Alphanim, Gloria Wilma et Moi (26x26') avec Futurikon. Pour France 3, c'est Mikido (52x13') avec de nouveau Method Films, plus Pinky and Porky Show (26x26') actuellement en développement. Pour France 3 et Canal J, nous avons travaillé sur Patates et Dragons (78x7' diffusés en 2005).
Pixelcreation :Et vos projets?
Tapaas Chakravarti : Nous travaillons en 3D avec Maya et Motion Builder, comme en Flash ou en traditionnel, mais le traditionnel est bas coût, basse technologie, et nous le sous-traitons à nos filiales en Philippines ou en Chine (1400 personnes au total), nous ne gardons ici que la mise en couleur, le compositing et la finition. L'Inde est un pays bon en technologie et en développement logiciel, c'est là que nous devons grandir. Nous avons démarré l'an dernier une division jeux vidéo, qui fait de la sous-traitance mais aussi du développement avec Method Films pour un jeu basé sur Skyland. Nous faisons aussi de la R&D pour des applications sur mobiles. Côté animation, nous avons Tenshi, une série en 3D en développement avec Method Films, et 4 autres projets avec des sociétés françaises que je ne peux pas citer ici... Et puis 2 projets de longs métrages en 3D avec Onyx Films.
Pixelcreation : Et des projets de longs métrages par vous-mêmes?
Tapaas Chakravarti : Non, un tel projet doit être international. On ne peut pas rentabiliser un film d'animation rien qu'en Inde. Non seulement le ticket vaut moins d'un euro, mais le film ne reste en salles que 15 jours car le public indien est très sollicité et habitué à la quantité en films plutôt qu'à la qualité. L'Inde produit chaque année 1500 films tournés avec un budget moyen de $1,5 million. Un film d'animation coûterait au minimum $4 millions, ce n'est pas rentable sur le seul marché local. Mieux vaut coproduire internationalement un film de qualité pour $14 millions.