
Amélie Scotta, 32 ans, originaire de Nantes est actuellement étudiante à l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels (ENSAV) La Cambre en Belgique, après un Master en Design graphique en 2008 à l’HEAR Strasbourg. Elle a déjà exposé dans le cadre de plusieurs expositions et salons d’Art contemporain.
Le travail qu’Amélie Scotta présente pour le prix s’inscrit dans l’espace restreint de la page et nous parle d’une « intimité collective ». Il s’exprime dans les variations subtiles du noir, du blanc, des gris. Graphite et encre de chine pour la « révélation » d’une scène, d’un univers : apparition en soustraction, au scalpel, puisque la technique utilisée est la carte à gratter. Des « techniques manuelles souvent longues et répétitives » souligne-t-elle. Original et bon choix car, justement la carte à gratter est une forme de « gravure populaire ». L’intérêt ici est donc de considérer ce travail comme un « négatif » du dessin traditionnel - il s’agit d’un dessin par la lumière et d’y voir aussi son aspect sociologique. « À travers mes dessins, je pars souvent d’une réalité documentée pour la transformer et interroger les rapports, parfois inquiétants, de l’homme à ses espaces (…) Dans les deux séries présentées, je me suis intéressée aux espaces emblématiques d’une société urbaine, surpeuplée et informatisée : le métro et les immeubles d’habitation ».
Les architectures sont abstraites, géométriques et raffinées, les hommes montrés dans le « cadre » des portes de métro, de façon aléatoire, depuis un quai, sans voyeurisme : une figuration triste mais tendre. Le regard porté sur ces voyageurs, coincés entre solitude et promiscuité, est riche d’une poétique, empreint d’une humanité très douce. Amélie Scotta gratte doucement là où ça fait mal, une douleur au quotidien, lancinante, mais « supportable », dans l’habitude, la résignation.
Sa relation au papier ? "Le choix du papier et de son format sont évidemment très importants dans ma pratique. Un papier épais ou fragile, à grain ou satiné, opaque ou transparent, artisanal ou industriel sera déterminant aussi bien sur la technique utilisée que sur la perception et le sens du dessin. Dans le cas de la carte à gratter, l’offre étant limitée, je cherche une manière de les fabriquer moi-même pour être plus libre dans les formats et matières."