Comment pousser ces gens à lever la tête, à réagir ? La réponse
de ce collectif d’étudiants ? L’absurde. « Attiser la curiosité, inviter les passants à lever les yeux et à se demander pourquoi six costumes de légumes géants pendent sur un immeuble en plein Paris ? L’important est cette remise en question de l’affiche, de l’image, essentielle pour contrer la terrible pollution visuelle dont nous sommes tous des victimes inconscientes. » « Ces visages coincés dans la chair végétale, ce sont leurs camarades de classe, leurs amis, mais aussi de parfaits inconnus pour beaucoup. Pourtant, ils ont tous un point commun avec nous : ce sont des êtres humains. Sauf que ces malheureux sont coincés dans ce costume, travestis dans cet état d’esprit de légumes végétatifs, béats, ignares. »
Prenant le parti du dessin en noir et blanc, appuyant encore davantage le contraste avec la réalité, le collectif obtient des panneaux nets, clairs, précis, tranchants, qui deviennent le centre de l’attention par leur luminosité, leur démesure et leur absurdité notoire. Ce que nous dit ce collectif à travers ces légumes étranges et monumentaux, c’est que nous, « passants, lecteurs, nous ne le sommes pas ! Nous sommes des êtres libres, capables de raisonner, libres de réagir : nous ne sommes pas des légumes, nous devrions tous nous en réjouir et en profiter ! » Nos jardiniers de la convivialité arrachent les mauvaises herbes de l’image-gavage, de « l’info consommation » à travers ces « planches encyclopédiques ».
Le message est simple et efficace : être vivant, ne pas végéter, mais faire pousser l’humanisme, le savoir-vivre et le savoir-penser, repousser la banalité. « Ce n’est pas une affiche ni une publicité, c’est quelque chose à part, des légumes qui poussent au cœur de la ville, comme sortis d’un autre monde. Ils sont arrivés sans se poser de questions, se sont mis en place, et n’attendent désormais plus qu’un regard pour exister ». À savourer sans modération !