Ronald Cornelissen dessine d’ailleurs des mots, Monster, Sun, Shoot et les lettres telles qu’il les dessine rappellent les lettres des enseignes de néon posées sur le toit des immeubles et des maisons au bord des routes, ou encore des caractères d’imprimerie d’une idéologie fasciste sans territoire. Griffonner à l’encre de chine un endroit, une voie, un mot, une lumière, revient à poser un espace pour l’écriture, à l’avant des mots une description imagée, une situation qui renvoient à l’univers carcéral de la vieille Europe.
Après la chute et les déboires hollywoodiens de notre théâtre de vie, les dessins de l’artiste proposent des espaces vidés, sans arrêtes, à la lumière trop vive d’une ampoule unique et des bulles de bandes-dessinées. Comme dans ces scènes de torture où l’être surgit seul, sans image pour l’aider, à vide. On pense au théâtre de Bertolt Brecht, d’Heiner Müller et à celui de Thomas Bernhard, ou encore, aux dessins psychédéliques et aux Beatles .Des écritures tournent aussi à vide et nous montrent la lumière vacante d’un passage obligé sur la table rase de nos récits. Pas de référence directe mais des pistes de cirques, des jeux de gladiateurs qui se qualifient pour la narration suivante. Passage obligé de l’artiste, rituel d’auto-construction du regard. Le sexe, loin de se déverser s’amenuise et s’anoblit en se transformant en serrure: tous les déboires humains condensés en une prise de vue. Ronald Cornelissen réalise aussi des oeuvres en volume et des performances