
Stéphane Mandelbaum nait en 1961. Enfant dyslexique, il montre très jeune des prédispositions exceptionnelles pour le dessin, suit des cours de peinture, s’initie à la gravure (discipline où il excellera), l’abandonnant néanmoins, car jugée trop lente pour son expression.
Le temps lui était compté : il avait 25 ans quand son corps, rongé par l’acide, fut retrouvé près de l’écluse des Grands Malades proche de Namur. Exécuté par un de ses comparses suite au vol d’un Modigliani qui s’avéra être un faux.« Il fut son propre mineur, avide, fébrile, en transe. Ce qu’il ramenait au jour n’était pas du goût de tous.» dit de lui le poète Marcel Moreau. Bacon, Pasolini, Rimbaud, Goebbels… Sexe, violence, pègre, judéité prennent place dans ses dessins qui demeurent des narrations intenses, vivantes et tragiques à la beauté éprouvante dans lesquels le corps crie sa souffrance. On le classa dans les néo-expressionnistes, on lui trouva des parentés avec Dix, Grosz, Schiele, Bacon… On le compara même à Basquiat, son contemporain dont il ignorait tout. La liste est longue et flatteuse, mais peu importe. Il fut avant tout un homme qui ne trichait jamais, surtout pas dans son art. Le temps donne à ses oeuvres, réalisées avec une stupéfiante économie de moyen, toute leur force de vérité. Stéphane ait naturellement doué, sauf pour la normalité. Son voyage ne pouvait que s’achever de manière dramatique. Il se poursuit néanmoins aujourd’hui, au travers de notre regard sur son oeuvre à la fois troublante et bouleversante.