
Né en 1964, l'allemand Thomas Ravens prend comme point de départ l’idée que le paysage peut être lu non comme une simple toile de fond de l’activité humaine ou même de son absence, mais plutôt comme une structure complexe qui sert à la fois à élucider et explorer les modes de représentation symbolique, d’interaction sociale et historique.
À première vue, les dessins à l’encre et les aquarelles de Thomas Ravens semblent représenter une gamme de scénarios de science-fiction; Une lecture plus approfondie révèle une approche «intertextuelle» dans laquelle les références aux icônes de l’architecture visionnaire établissent un dialogue entre les motifs spatiaux contemporains et imaginaires. Les mondes fantastiques de Ravens établissent un lexique « spectaculaire » où les conurbations excessives constituent un ensemble désorientant d’hyper-relations entre l’espace et la société. Le «paysage» devient une vaste étendue d’aspirations architecturales communes, où les citoyens se mêlent, s’affrontent ou errent dans une hiérarchie de détails :A l’intérieur de la composition et de sa perspective à la fois classique et exagérée, se construit avec sophistication, une succession de divers plans entre fond et avant-plan.
L’impact de ces visions et l’émotion qui en résulte tient en partie au contraste entre une transformation de valeurs pittoresques et une vision d’hyper-modernité. Le sublime et le banal sont également interchangeables dans ces visions utopiques / dystopiques étendues. Ancrée dans une profondeur très articulée mais ambiguë, une mélancolie atmosphérique, pourtant écrasante, sert à fixer un idéalisme presque éclipsé.