Noir de fumée, acrylique et poussière sur papier, 65 x 50 cm
© Lionel Sabatté. Courtesy Galerie Patricia Dorfmann, Paris
Chez Lionel Sabahé, la récupération -‐ d'un motif marginalisé, d'un résidu organique (la peau, les ongles), d'un matériau ignoré (la poussière) -‐ est le signe du temps qui passe, mais encore une façon de questionner la pratique artistique. Parce qu'elle rend compte d'une vie passée, à l'état minéral ou organique, parce qu'elle est le résultat d'un processus permanent de décomposition, la poussière a une forte dimension existentielle.Celle que Lionel Sabahé met sous cadre est systématiquement prélevée à la station de métro Châtelet-‐les-‐ Halles, lieu de forte affluence. Par cette récolte dérisoire, scrupuleusement datée, l'artiste rend visibles les débris en suspension, leur donne une nouvelle matérialité et trouve une forme plastique, concrète, au caractère insaisissable du temps qui passe. Comme Marcel Duchamp et son Élevage de poussière -‐ immortalisé en un paysage lunaire par la photographie de Man Ray -‐, Lionel Sabatté introduit dans son oeuvre la notion de durée et l'emprisonne tel le sable dans un sablier.