
Épreuve gélatino-argentique, Tirage tardif, 18,5 x 24,7 cm
Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris
A la demande de l’éditeur d’un magazine « léger » ou « de charme », Le Sourire, habituellement illustré de dessins vaguement érotiques, André Kertesz va produire en 1933 la plus étonnante série de nus féminins, connue ensuite sous le nom de « Distorsions ». Il réalise ce qu’il appelle alors des « déformations » par l’intermédiaire de deux miroirs déformants, fournis par l’éditeur, avec deux modèles (dont un peu présent). Ces miroirs produisent des étirements grotesques, des protubérances monstrueuses, ou la désagrégation complète du corps du modèle, selon le point de vue choisi. Kertész procède ensuite à une succession de recadrages en ne retenant parfois qu’une petite portion du négatif. Douze photographies paraissent dans Le Sourire du 2 mars 1933 mais elles ont peu de retentissement dans le domaine artistique. Un projet de livre, avec co-édition allemande, échoue à l’arrivée des nazis au pouvoir. C’est en 1936 qu’un magazine anglais utilise le terme de distorsion que Kertész va entériner.