Cette série propose une ré-interprétation très personnelle des tableaux
de Vilhelm Hammershoi, peintre danois de la fin du xixe – début xxe siècle.
Considéré comme le maître de la peinture danoise, il construit, dans
une palette resserrée, un univers de dépouillement, d’intériorité et de
silence. Une femme seule, généralement de dos, est souvent au centre de
ses tableaux d’intérieurs. C’est une oeuvre qui exprime parfaitement l’idée
que nous nous faisons de la culture des pays du Nord de l’Europe à cette
époque là. Rigueur, solitude, tristesse, méditation, beauté froide et austère,
l’univers que l’on retrouve dans les pièces de Ibsen ou la musique de
Sibelius.
Clark et Pougnaud ont choisi une unité chromatique pour leur série « Lost
in meditation ». Tous les intérieurs sont dans une tonalité bleu-gris, les
pointes de couleur étant apportées par les meubles. Néanmoins, leurs
photographies – tout en restant d’une grande rigueur dans la construction
– laissent transparaître leur appartenance à une culture plus latine.
Les personnages ne sont pas désespérés mais sereins. La lumière qui vient
de l’extérieur n’est pas glaciale. Des images qui se veulent intemporelles.
La technique de Clark et Pougnaud leur est très personnelle. Pougnaud
est peintre. Elle construit des décors sous la forme de maquettes. Clark
les photographie. Ensemble, ils font les éclairages. Les personnages sont
photographiés séparément puis insérés dans les décors. A la différence
des travaux de Charles Matton, les maquettes ne sont pas finalisées, ce
sont simplement des éléments de décor. La lumière vient de l’extérieur
et pénètre par les fenêtres. Et surtout les lieux sont habités par des êtres
humains en chair et en os.
Leur travail se situe dans le mouvement de la figuration narrative.
Son originalité réside dans la dualité entre l’utilisation des techniques
numériques contemporaines – ils ont été lauréats du Prix Arcimboldo
pour la création photographique numérique – et un univers visuel pictural
se référant à des peintres du passé (Hommage à Edouard Hopper, Prix
HSBC 2006) ou à des thèmes classiques (Les contes de fées, Les bourgeoises
d’Angoulême).