Née à Casablanca (Maroc) en 1982, Zara Samiry est titulaire d’un diplôme national supérieur en expression plastique, obtenu en France en 2010, et a appris la photographie en autodidacte. Son travail a notamment étéexposé au Maroc et en Tunisie. Réalisée dans le cadre du projet Reporting Change, mené après le Printemps arabe par le World Press Photo, la série My Taboo Child a été publiée en 2014 dans l’album Stories of Change (éditions World Press Photo & Schilt Publishing). Zara Samiry vit et travaille entre Paris et Casablanca.
« Pour moi, la photographie est un moyen de raconter les autres », dit Zara Samiry. En l’occurrence, elle s’est émue du sort réservé, au Maroc, aux mères célibataires. Une enquête réalisée en 2011 estime leur nombre à220 000. « Reconnues par la loi comme des prostituées, elles encourent des peines allant de un mois à un an d’emprisonnement, explique la photographe. Or, certaines ont été violées, d’autres promises au mariage et abandonnées une fois enceintes, d’autres encore n’ont été unies que par mariage coutumier, sans acte officiel, à un homme qui, dans la plupart des cas, n’a pas souhaité reconnaître le bébé ». Trois de ces jeunes femmes qui, malgré la précarité de leur situation, ont refusé d’abandonner leur « enfant du péché », ont bien voulu rencontrer Zara Samiry. Son approche intimiste, à juste distance, lui a permis de gagner leur confiance. La photographe a pris soin de travailler en huis clos et de dissimuler les visages des jeunes femmes. « Car la société marocaine, malgré l’aide d’associations reconnues et l’avancée apportée en 2004 par la réforme du code de la famille, ne semble pas encore prête à lever le tabou des mères célibataires », conclut-elle.