L'espace public est saturé de signes et de signifiants, d'éléments fonctionnels qui ordonnent le paysage urbain et son usage. Les utopies urbaines buttent sur l'impérieuse fonctionnalité garante d'une gestion et d'une répartition « démocratique » des espaces. L'usager cesse-t-il pour autant de rêver ? L'ordonnancement des signifiants structure l'espace et conditionne le mouvement de l'homme dans la ville. Le mobilier urbain décline des propositions : s'asseoir sur un banc, boire à une fontaine, jeter ses papiers dans la poubelle, marcher sur les clous, s'abriter de la pluie et du froid dans une cabine téléphonique, utiliser un défibrillateur pour ne pas mourir, s'informer sur les panneaux Decaux, s'orienter... La proposition de Stephan Muntaner relève de l'écriture urbaine. Il s'appuie sur la structure des signifiants, pour amender la ville perçue comme un espace de mouvements. Ce mouvement, il l'interrompt par des invites, des « havres de paix »,des espaces où l'usager est appelé à s'abandonner aux rêves, à la rêverie et au plaisir. Lieux d'introspection immobile, les havres de paix instillent de l'humanité, de l'individualité dans une ville qui renoue ainsi avec ses utopies. Les havres fonctionnent comme des petits ports abrités où le passant jette l'ancre le temps d'une respiration.