L'art de New York aujourd'hui

Quoi de neuf à New York – capitale de l’art contemporain ?

L’art de New York aujourd’hui, mais aussi l’art à propos de New York, et même des Etats-Unis en général. Les vingt-cinq artistes invités ici, célèbres ou simplement connus, mais tous basés à New York, n’hésitent pas à aborder l’histoire et la culture américaine. Car la caractéristique que tous semblent reconnaître à l’Amérique, et en particulier à New York, est celle de se transformer pour mieux absorber un flot de nouveaux venus du monde entier, tout en restant elle-même. Cette dialectique entre passé et futur, entre être et devenir, est celle qui façonne New York.

New York se « gentrifie » depuis une génération, observent plusieurs artistes, et réinvente ses quartiers naguère industriels (Soho, Tribeca) en en conservant les attributs physiques. Pour y loger une nouvelle population d’artistes et intellectuels et mieux créer de la valeur dans une économie capitaliste postindustrielle explique l’artiste John Miller. Ce questionnement sur le rôle de l’art dans la cité est ici frappant, presque un fil conducteur de cette exposition Empire State.

 Formellement, la diversité d’approches de ces artistes empêche toute classification ou toute thématique. Car, comme le note le commissaire et critique d’art Norman Rosenthal, depuis les années 70-80, la méthode et les formes de la création artistique ne sont plus un problème. Abstraction ou figuration, sculpture ou art environnemental, tout concept de création est admissible. Et cette ouverture complète du sujet artistique a permis l’inexorable expansion de l’art contemporain en une industrie mondiale, dont New York reste l’épicentre, le point de passage obligé, l’Empire State.

Le catalogue d’Empire State, copublié avec l’éditeur Skira, vous emmènera encore plus loin dans ces considérations théoriques entre art et puissance, avec des textes) empreints d’un marxisme rigoriste étonnant (John Miller en particulier, mais pas seulement). L’art contemporain, remise en cause de l’expansion indéfinie de l’économie capitaliste, ou jouet préféré (avec les clubs de football) des hyper-riches ?

Soyons gré en tout cas à la galerie Thaddaeus Ropac de nous offrir une telle promenade méditative, digne d’un grand musée, et ce de façon plutôt désintéressée : elle ne représente  presque aucun des artistes présents. Empire State, à la galerie Thaddaeus Ropac à Pantin (93) jusqu’au 15 février 2013, vaut le détour au-delà du périphérique même pour les Parisiens les plus casaniers.

Paul Schmitt, janvier 2014