Expressionismus & Expressionismi

Non pas un, mais deux expressionismes à découvrir ! Deux sensibilités qui s'opposent et se complètent à la fois.

Le terme « Expressionisme » est devenu presque synonyme d’art allemand moderne voire contemporain. Certains incluent en effet dans ce courant, ou au moins dans sa filiation, des artistes comme Günter Grass (écrivain, mais aussi sculpteur), Georg Baselitz ou Lucian Freud (anglais, mais d’origine autrichienne, et disparu en 2011). Avec pour traits distinctifs partagés par ces artistes depuis le début du XXème siècle une qualité stylistique basée sur un pathos expressif, une représentation distordue et souvent des couleurs violentes, à l’opposé du réalisme.
Loin de cette approche quelque peu monolithique, l’exposition à la Pinacothèque de Paris revient aux origines du mouvement, et plus particulièrement aux deux mouvements régionaux fondateurs de l’expressionisme allemand au début du XXème siècle. « Le Cavalier Bleu » (der Blaue Reiter), mouvement intellectuel, globalisateur, basé à Münich dans le sud de l’Allemagne, comptera parmi ses membres August Macke et Vassili Kandinsky, et débouchera sur le constructivisme et l’art abstrait dès les années 20. Le « Pont » (Brücke), fondé  à Dresde en 1904 par Ernst Ludwig Kirchner et Karl Schmidt-Rotluff, privilégie la sensibilité et l’harmonie, préférant ainsi style et composition à la «  construction » de l’oeuvre. Deux approches qui s'opposent, mais sans s'affronter, les artistes préférant dialoguer que s'invectiver dans leurs tribunes respectives.

 Expressionismus & Expressionismi, titre double de cette exposition à la Pinacothèque de Paris jusqu’au 11 mars 2012,, en souligne le caractère volontairement dual. En exposant les œuvres par objet (paysage, portrait, etc.)  et non par  artiste, la Pinacothèque met les deux mouvements en abyme, nous donne à voir les points communs et les divergences entre les deux sensibilités. Un point de vue pédagogique à saluer, tant il permet au public de mieux pénétrer et comprendre ce courant artistique puissant mais peu représenté en France.

Clémentine Gaspard, janvier 2012