Indiens des Plaines
La puissance expressive et la résonance spirituelle de l’art des Indiens des Plaines d’Amérique du Nord.
Figure centrale du western, l’Indien y est tour à tour présenté de manière plutôt positive, puis en guerrier sauvage peinturluré et sanguinaire, ou encore en victime du racisme des blanCheyenne, Sioux, Blackfeet, Comanche ou Pawnee : leurs noms sont synonymes d’Indiens d’Amérique du Nord au point d’occulter ceux des autres tribus de l’Est du Sud ou de l’Ouest. Leurs coiffes en plumes d’aigle, leurs vestes et leur tipies en peaux de bison font partie de notre imaginaire.
Les Indiens des Grandes Plaines centrales d’Amérique du Nord ont développé une civilisation nomade largement basée sur la chasse aux bisons qui peuplaient alors par millions la région. L’introduction en Amérique du cheval par les Blancs à partir du 17ème siècle, facilitant la chasse et le nomadisme, a conduit à une apogée de ce mode de vie au début du 19ème siècle, avant que l’avancée des colons ne le détruise à la fin de ce même siècle.
L’expression artistique, liée à la chasse et à la culture équestre, est florissante dans la première partie du 19e siècle. Motifs géométriques, figures stylisées font le lien avec le monde naturel et surnaturel. Les formes et les matières utilisées foisonnent : oeuvres sculptées dans la pierre et le bois, boucliers sacrés, chemises de guerre et robes en peaux décorées et brodées de piquants de porc-épic ou perles de verre, coiffes de plumes. La fin du nomadisme et le placement dans les réserves, l’interdiction des rituels traditionnels à partir des années 1880, entraînent de profonds bouleversements et conduisent à un démantèlement de l’univers spirituel et de la vie sociale des tribus. Celle-ci survit néanmoins autour des missions et de leurs écoles, et on assiste depuis un demi-siècle à une renaissance de l’art et de la spiritualité traditionnels.
Le parcours scénarisé par l’agence Wilmotte au musée du quai Branly à Paris, jusqu’au 20 juillet 2014 offre une plongée au coeur de la vie et des traditions de ces tribus. Et un cycle de 27 films films (auquel il ne manque que le plus récent, Lone Ranger), jusqu’au 27 avril 2014 dans la salle de cinéma du musée, revient en parallèle sur le regard porté sur ces tribus indienne: le guerrier sauvage peinturluré et sanguinaire des années 30 à 50 cède la place à partir des années 60-70 à la victime impuissante devant l’avancée d’une civilisation mécanique et destructrice de la nature.
Clémentine Gaspard, avril 2014