Ronan et Erwan Bouroullec album

Après avoir exposé leurs créations au salon Maison et Objet, Ronan et Erwan Bouroullec mettent en scène leur processus de travail avec l’exposition album.

Ronan et Erwan Bouroullec étaient il y a deux semaines les héros du salon Maison et Objet à Paris où ils ont été honorés du titre de « Créateurs de l’année 2011 ». Et on pourrait presque ajouter « de la décennie » tant leur notoriété a dépassé nos frontières: leurs œuvres figurent dans les collections du Centre Pompidou, mais aussi du MoMA de New York et du Design Museum à Londres entre autres. Pour des designers juste trentenaires (voir leur biographie détaillée en cliquant sur leur photo) et dont la carrière a commencé avec le siècle, la trajectoire est fulgurante…
Leur style allie/alterne simplicité géométrique et lignes organiques. Leur choix de matériaux est tout aussi éclectique, des matières synthétiques (sofa Ploum) à la laine tissée de façon traditionnelle (tapis Losanges). Bref, de quoi plaire aussi bien aux adeptes de « zénitude » et de confort qu’à ceux soucieux de développement durable.

L’exposition album à Arc en rêve, centre d’architecture de Bordeaux, jusqu’au 24 avril 2011, donne l’occasion à Ronan et Erwan Bouroullec de s’exprimer sur leurs conceptions et leur travail, comme ils l’ont confié à l’architecte et journaliste Sophie Trelcat :

L’exposition album est selon vous l’occasion de montrer des éléments particuliers qui composent votre travail : quels sont-ils ?
Nous sommes designers, l’énergie principale investie dans notre travail est liée aux objets. Autour de ces derniers se greffent un certain nombre de disciplines : le dessin est très important pour nous, de même que la photographie, la maquette, le film. Chacune de ces partitions du projet est vécue comme une discipline en tant que telle. Ce ne sont pas simplement des réalisations au service de l’objet. La grande frustration dans la pratique du design, c’est le temps entre le point de départ et la réalité physique d’un objet qui représente une lourde gestation, longue parfois de plusieurs années. La possibilité de développer une attitude créative plus directe avec la photo, le dessin, la maquette qui n’est pas filtrée par des mois de recherche, l’intervention d’ingénieurs ou encore du marketing, est importante pour nous, c’est peut-être cela qui nous particularise. Dans le cas de l’exposition album, ce qui est singulier, c’est de montrer la production de l’atelier au sens large comme un tout, sans hiérarchie, l’essentiel étant les informations et les découvertes que des pratiques variées nous procurent.

Dans album, l’image des objets chez vous devient un projet en soi, quelle place et quel statut lui accordez-vous ?
Pour nous, de manière très claire, un projet est fini lorsque la photographie est finie. Il est très important pour nous de le communiquer d’une manière juste. Nous pensons que nous sommes les plus à même de le montrer d’une manière pertinente, mais aussi sensible. La photographie est pour nous une discipline en soi.
Par ailleurs, nos projets sont beaucoup publiés et de cette manière ils existent aussi pour tous, certes d’une manière virtuelle et non pas physique, mais notre contribution c’est à certains moments de donner des signes, d’exprimer de nouveaux points de vue.
De fait, la photographie pour nous est primordiale. Nous réalisons aussi de courts films, où même la musique est réalisée spécifiquement. De manière générale, nous avons tendance à réaliser nous-mêmes tous les documents qui montrent notre travail au grand public.


Présentée dans les 400 mètres carrés de la grande galerie d’arc en rêve à Bordeaux, au gré des cimaises des six salles d’exposition organisées de manière thématique, l’exposition album présente près de 800 documents, dessins d’inspiration, croquis, esquisses de maquettes et photos d’archives réalisés par Ronan et Erwan Bouroullec. Pas d’objets, donc, hormis une cinquantaine de chaises Steelwood, en deux versions, monochrome blanc ou bichrome blanc et bois naturel, éditées par Magis en 2007, pour permettre au public de s’asseoir et de regarder de manière plus détaillée le panorama des documents présentés.

En contrepoint, nous avons profité de l’occasion pour vous rappeler en images dans la galerie ci-contre plusieurs réalisations des frères Bouroullec exposées au dernier salon Maison et Objet fin janvier.

Clémentine Gaspard, février 2011

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