Etudiants, que sont-ils devenus ? (suite)

Heureux ? : "Oui puissance oui"
Et même si certains soufflent des "ras le bol" certains jours face "aux clients qui veulent toujours le boulot pour la veille" (Julien Marpault), ou "des délais trop courts" pour Céline Houssière (ex Lisaa Paris, diplômée en 2005 avec mention, spécialisation 3D, salariée au sein d’un studio graphique), tous semblent ravis et heureux d’exercer leur métier. "Oui puissance oui" pour Benjamin Wrobel, salarié et indépendant, qui déplore tout de même les "mises en compétition permanentes", "une liberté" pour Julien, indépendant, "heureuse, bien plus que je ne l’imaginais" pour Pauline Baloche et pour Virginie Saunard : "un métier qui me colle à la peau, qui m’habille !"

Constat, lectures et critiques
Plus les stages sont nombreux, plus la formation est longue, plus la chance d’être employé est importante. Car beaucoup, et ce sont en général les meilleurs, reconnaissent avoir reçu "une bonne formation, mais pas assez longue…" et souhaiteraient, comme Julien Marpault ou Vincent Duponchel, "pousser la formation technique" ou " être formé aux projets professionnels" pour Sandrine Mercier, diplômée section Animation 2D de Lisaa en 2005, aujourd’hui opératrice compositing salariée. Même constat pour Xavier Aliot, un ancien de l’Esma, aujourd’hui free-lance en animation à Montréal. Ce dernier avoue avoir " été peu préparé à la facturation, au démarchage", mais de manière surprenante "ne considère pas que c’est le rôle d’une école… ", ce qui n’est pas l’avis de Julie Lebailly qui déplore " manquer d’informations sur le droit d’auteur, les devis ou la facturation" et qui poursuit ses études aujourd’hui.

Comment s'informent-ils ?
Manque de formation, de contacts… les mots reviennent régulièrement, mais la raison est peut-être évidente : beaucoup ne lisent aucun média professionnel : les Vogue, Elle, Numéro, French, Frame ou Idea dominent leurs lectures. D’autres évoquent étapes : ou Computers Arts, quelques sites spécialisés comme Pixelcreation.fr ou 3DVF. Et, à quelques exceptions près, aucun n’achète régulièrement de livres professionnels. Quant aux émissions télé, à part Ubik sur France 5 ou " la chaîne Game One de temps en temps, aucune ne semble les séduire.

Franklin Toussaint - Lascar Travailler le réseau
La professionnalisation du métier est essentielle pour Julien Marpault : "Travaillez et faites connaître votre travail… Vous pouvez être le meilleur… Mais si personne ne le sait, ça ne sert pas à grand-chose…", multiplier les contacts pour Virginie Saunard, qui décrit "un milieu très fermé". Idem pour l’information : il faut se tenir au courant des activités de son secteur (festivals, société, créations, films…) pour " ne pas uniquement compter sur les profs et l’école" pour Stéphane Boudon.

En conclusion
Difficile de tirer des conclusions définitives de cet échantillon hétéroclite mais représentatif de cette jeunesse créative (ils ont 23-28 ans en moyenne). Ces nouveaux professionnels de l'image semblent à la fois insouciants et critiques vis à vis de certains aspects de leur métier. Cependants ils sont peu nombreux à souhaiter faire évoluer leur situation, changer de structure ou de rythme de travail, "continuer d’apprendre tous les jours", "de se rapprocher d’un rêve de gosse". Ils veulent "décrocher le sourire d’un client", parlent "d’euphorie et d’un gros chèque auprès d’un client satisfait". Pierre Cosmao Dumanoir nous offre tout de même une conclusion : "Le principal c’est l’idée, la démarche et ce que l’on en fait. Peu importe le projet".

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