Institut d'études supérieures des arts

Jérôme Larnou réalisateur opérateur, monteur et formateur à l'IESA

Après un troisième cycle en cinéma documentaire, Jérôme Larnou a travaillé comme réalisateur de films documentaires scientifiques pour Arte et France 5 et sur des scénarii (avec entre autres Régis Wargnier (Indochine, 1 oscar quand même). Actuellement, en parallèle de la formation IESA qui occupe 50% de son temps, il  travaille comme monteur, opérateur ou truquiste sur des films institutionnels, des documentaires, des clips, des captations de concerts, car il aime travailler avec des artistes jeunes et moins jeunes (Werrason, Papa Tank, Yousoupha, Kenza Farah, Manu Dibango…).
Egalement, impliqué dans le sors de notre jeune planète bleue, il apporte bénévolement son soutien technique à des actions caritatives comme "des pixels pour la biodiversité"

 

Jérôme Larnou nous parle de son parcours, de son métier ou plutôt de ses métiers dans lesquels il développe différentes passions et de son interaction avec les étudiants
 
Votre parcours

J’ai suivi une formation assez différente d’une formation classique. J’ai fait de la biologie, cela me passionnait. Avant de faire un 3ème cycle universitaire en film documentaire. Ce n’était pas anodin, j’étais passionné par la photographie, l’image et le son (je suis par ailleurs musicien), puis j’ai travaillé pour ARTE dans des films documentaires scientifiques. J’aime beaucoup les sciences mais je trouve les scientifiques un peu rigides, on est donc souvent coincé dans des interviews avec des gens qui sont rigides même si c’est très intéressant. Ce n’est pas comme les clips aujourd’hui je travaille sur des clips ou sur des concertes et c’est vrai que cela m’amuse beaucoup plus. Ce sont des clips de jeunes artistes comme Youssoupha, Kenza Fara, je travaille comme opérateur sur ces clips, c’est très technique, car nous travaillons avec des budgets assez serrés et en même temps de faire une image qui soit de bonne qualité, et il faut quand même s’accrocher.

Je tourne aussi des concerts, celui de manu Dibango dernièrement, que j’ai tourné et monté. Aujourd’hui il faut vraiment être pluridisciplinaire. Cela sert toujours car on n’est pas forcément bon partout mais le fait de connaître différents métiers permet de savoir ce que l’on peut demander à des personnes qui sont compétentes, on ne peut pas toujours tout faire. Cela rend le métier assez passionnant, on est obligé d’expliquer aux gens qui arrivent sur le terrain que cela va vraiment être un atout et cela ne peut que les aider.

Je concilie plusieurs métiers, je suis à la fois réalisateur opérateur, monteur et formateur. Ces différents métiers sont liés à des passions que j’ai depuis toujours pour le multimédia. On ne peut pas se contenter  de ne faire qu’un seul métier, non seulement parce que la conjoncture ne permet pas spécialement de le faire et puis parce qu’il n’y a rien de plus passionnant que de faire des choses en connaissant vraiment tous ces différents métiers. Le multimédia est un domaine qui couvre des champs assez vastes, puisqu’il y a le scénario, le son, la vidéo, la photo, le travail des polices de caractère… le fait d’être progressivement capable de gérer ces 4 métiers différents fait que j’en suis arrivé là aujourd’hui, c’est progressif. J’exerce ces métiers pour des sociétés de production différentes, des télés, des boites privées, cela peut être pour faire des DVD ou des émissions de TV.
Connaître chaque poste est très important, j’ai commencé comme réalisateur en travaillant pour ARTE sur des documentaires, je travaillais avec des techniciens, et je me suis rendu compte que la position de réalisateur était assez difficile parce que c’est une position de chef d’orchestre. Le fait de connaître les autres métiers m’as permis de me perfectionner techniquement (ce dont on n’a pas besoin en tant que réalisateur) et moi qui étais très attiré vers les effets spéciaux, je me suis décidé à m’orienter vers cela puis vers la formation puisqu’il n’y a rien de tel que transmettre ce que l’on connaît pour apprendre.

Votre rôle à l’IESA
Aujourd’hui la formation occupe une part importante de ce que je fais (à peu près 50% de mon temps) et cela permet à la fois de voir quel est notre niveau de connaissance, et d’apprendre. On apprend beaucoup plus qu’on ne le croit, des autres et du fait que j’encadre de plus en plus sur un niveau assez élevé puisqu’ aujourd’hui on peut faire sur des machines grand public, des choses que l’on ne pouvait pas faire avant, ce qui fait qu’on peut vraiment se perfectionner en faisant de la formation. Et j’adore ça !
 

Les formations comme celles de l’IESA sont pluridisciplinaires, on ne peut pas forcément approfondir tout mais au moins on sort de là avec une connaissance précise de ce que sont ces différents métiers.

On apprends aux étudiants par exemple, ce que doit connaître un DA pour faire ces métiers là. On dit souvent que pour être un bon réalisateur il faut faire du montage, et c’est vrai que tant qu’on ne fait pas de montage on ne se rend pas compte des besoins que l’on a au niveau du tournage. C’est vrai qu’aujourd’hui tous ces métiers sont regroupés, parce qu’on a l’accessibilité au matériel pour faire ça chez soi.

Quelle est votre vision sur l'avenir du metier ?

Dans l’historie du cinéma, c’est la première fois qu’on peut faire tout chez soi et poster tout le soir même sur Internet.

C’est dangereux si on n’est pas rigoureux, c’est très technique, dans la vidéo par exemple, problèmes de formats de pixel sont des problématiques très techniques qui font que peut être 60% des vidéos qui sont sur Youtube sont mal cadrées. Mais  cela permet de voir beaucoup de choses. On est dans une époque assez révolutionnaire, d’aucuns trouveront cela dangereux, car tout le monde peut faire mais on ne peut pas remplacer quelqu’un de bien formé. Cependant aujourd’hui les formations sont plus courtes pour arriver au même résultat, on ne fait pas forcément des écoles de trois ans pour apprendre à tenir une caméra.
Le gros défaut de tout cela, c’est que l’on n’a pas de culture photographique, par exemple pour la vidéo des méthodes de photographie classique qu’il y avait auparavant. Avec des notions comme la profondeur de champs, qui sont des notions essentielles dans le cinéma et qui disparaissent complètement avec la vidéo, parce qu’avec les caméras vidéos tout est net. Il n’y a pas de profondeur de champs. En même temps on raconte des histoires différentes, le cinéma est aussi une projection de la vie. Il faut tout de même qu’il y ait une belle histoire. Il y a des techniques d’écriture, il faut travailler.

On se rend compte que finalement les effets spéciaux sont très secondaires, c’est plus une question de point de vue. Il faut savoir écrire avant de réaliser. Il faut savoir contraster. Dès qu’il y a du contraste, cela devient intéressant. C’est peut être là qu’on va pouvoir progresser demain.

 Quelques mots sur le travail des étudiants :

Tout dépend des groupes avec qui l’on travaille. La force d’un des groupes par exemple c’était un bon travail d’écriture au début. On a pu voir une évolution dans la façon de penser parce qu’il y avait ce travail d’écriture. S’il n’y a pas ce travail avant, l’évolution est uniquement technique, ce n’est pas intéressant, le fait d’avoir quelque chose à raconter fait que petit à petit on est confronté à des problèmes techniques, on aborde la façon de filmer le sujet en fonction des moyens qu’on a. C’est très important, on a tendance à l’oublier mais les effets spéciaux ne fonctionnent pas sans histoire. L’évolution à me sens se loge là, la prise de conscience des étudiants que si quelque chose est écrit et bien écrit, ça pourra fonctionner, alors que si un projet repose uniquement sur la technique, cela ne marchera pas. On le voit dans un groupe avec lequel j’ai travaillé, parce que les projets qui ont manqué d’écriture se sont un peu enlisés. Ils ont essayé de trouver des solutions techniques alors qu’il en fallait en terme d’histoire.


Dans l’ensemble des groupes, ce qui est toujours intéressant c’est la place de la culture de chaque individu dans son projet. Quand on est formateur c’est difficile, car il faut arriver à faire en sorte que l’étudiant se libère de la technique en établissant une histoire, et l’enseignant doit faire en sorte que l’on s’approche de cela avec la technique.