Boris Bucan Posters

Boris Bucan, affichiste de génie et figure majeure du graphisme croate.

Des lignes droites qui se recourbent légèrement pour bâtir un décor tout en zébrures et perspectives. Ou au contraire des « coups de pinceau »épais et sombres, des nuages de points qui enveloppent et masquent  les protagonistes. Le style de Boris Bucan varie, mais ses affiches gardent une théâtralité et une présence saisissantes, des « peintures de rue » selon sa propre expression.

Né à Zagreb en 1947, Boris Bućan achève l’École des arts appliqués de Zagreb en 1967 et l’Académie des Beaux-arts en 1972. Il commence sa carrière dans les années 70, aux côtés des artistes du Newart Practise, avec des interventions « néo-dadaïstes » dans l’espace urbain. Utilisant surtout  l’affiche sérigraphiée, il travaille pour le milieu culturel des galeries, musées et salles de concerts. Ses créations grands formats, aux couleurs vives et denses, au dessin vigoureux et ciselé, se singularisent par la prédominance de l’image sur le texte, poussé aux extrémités, incorporé au cadre.

D’abord adepte des formes géométriques et des compositions épurées, il utilise à partir des années 80, des motifs stylisés et symboliques, empruntés aux civilisations antiques, aux cultures africaines et japonaises, ou encore aux styles Art Nouveau et Art Déco. Ses arabesques sensuelles, inspirées des motifs ornementaux traditionnels et de la nature, traitent des thèmes récurrents du pouvoir, de la puissance, du succès ou du mal. En 1983, l’énorme succès de l’affiche de L’Oiseau de Feu, le ballet de Stravinski, fait connaître son auteur bien au-delà de l’Europe de l’Est.

Reproduite sur la couverture du catalogue de l’exposition « The power of Poster », organisée au Victoria and Albert Museum, cette affiche est exemplaire de la puissance radicale, de l’originalité et de la portée symbolique de l’imagerie de Boris Bucan.

Avec les années 90 et l’éclatement de la Yougoslavie, les institutions culturelles clientes de Boris Bucan disparaissent, et son style trop « arty » ne convient guère aux clients commerciaux. Son oeuvre sombre dans un relatif oubli et reste aujourd’hui largement méconnue, et Boris Bucan lui-même abandonne l’affiche pour la peinture

« Croatie, la voici », festival de la Croatie en France cet automne, est l’occasion de réparer cet oubli. Le Lieu du Design à Paris présente jusqu’au 9 janvier 2013 les affiches les plus emblématiques de Boris Bucan, réalisées entre les années 80 et le début des années 90. Une exposition très dense, avec ces « grandes toiles » qui recouvrent toutes les parois de ce lieu resserré, et un « coup de poing » visuel assuré !

Paul Schmitt, novembre 2012