Des Bas à la Une
Le bas, symbole de féminité dans l’imagerie publicitaire.
Nombre de nos lecteurs connaissent le mois du Graphisme à Echirolles près de Grenoble, biennale dont la prochaine édition se tiendra en novembre 2014. Mais il n’y a pas que le graphisme à Echirolles: la tradition manufacturière y est toujours vivante, et en particulier celle du textile comme en témoigne le Musée de la Viscose.
Etabli en 1992 après la fermeture définitive de l’usine, il rappelle l’époque des années 1920 à 1980 où la viscose, cette soie artificielle fabriquée à partir de cellulose, nourrissait la ville. Le fil Citiba qu’on en tirait servait surtout à la confection de bas de femmes, remplaçant une soie naturelle trop chère pour un usage courant.
Rien d’étonnant donc à ce que le Centre du graphisme se soit associé au Musée de la Viscose pour célébrer en affiches publicitaires cette épopée industrielle.
L’exposition "Des Bas à la Une", à voir au Musée de la Viscose à Echirolles jusqu’au 21 septembre 2014, présente en fait deux types de visuels. D’abord des « réclames » pour les bas eux-mêmes dans le plus pur style des années 50-60 : produit et logo de la marque bien en évidence ! Ce qui n’exclut pas le recours à une imagerie artistique à laquelle Salvador Dali lui-même contribue pour les bas Beautiful Bryans.
Et puis toute l’imagerie fantasmatique sur la femme utilisant le bas comme un symbole de féminité ou devrions-nous dire de sexualité : affiches de cabaret du début du XXème siècle, de cinéma ensuite. Un raccourci qu’on retrouve même très récemment dans les affiches de "Célébrer Paris" en ce début 2014 : sur ces 39 affiches à la gloire de Paris, une bonne demi-douzaine reprend cette thématique de la « femme parisienne » en tenue de Folies Bergère, dont celles de l’américain Seymour Chwast et de Tomi Ungerer. Plus qu’une épopée industrielle, c’est une vision sexy de la femme au XXème siècle qu’évoque "Des Bas à la Une".
Clémentine Gaspard, juin 2014