Graphisme et industrie

Quand le design industriel pousse la création publicitaire.

Parmi tous ses objets et documents conservés, la Bibliothèque des Arts décoratifs à Paris conserve des milliers de « documents éphémères » tels les catalogues industriels. « Considérés comme de simples véhicules publicitaires, ces catalogues ou brochures sont aussi de formidables outils de diffusion des styles émergents et novateurs qui ont ponctué tout le XXe siècle. La fulgurance du trait dans les dessins et les illustrations, la mise en page souvent avant-gardiste de ces catalogues, en font des oeuvres à part entière. Certains sont de véritables laboratoires expérimentaux » explique Chantal Lachkar, Conservatrice générale.

La démonstration est à voir sur place à la bibliothèque des Arts Décoratifs cet automne jusqu’au 24 décembre 2015.  150 catalogues commerciaux de design italiens, publiés de 1898 à la fin du XXe siècle, révèlent la volonté et l’intérêt que portaient certains industriels ou manufacturiers italiens au monde de la création artistique. Et la sophistication croissante du graphisme et de la communication au service de l’industrie italienne.

Pourtant, si le design industriel a déjà droit de cité, la création publicitaire est peu considérée. La « réclame » pointe au bas de l’échelle de valeur des arts appliqués jusque dans les années 60. « Les expressions graphiques utilisées par la publicité ne peuvent être comparées ni même assimilées au procédé du dessin industriel qui se consacre, particulièrement aujourd’hui, à une recherche approfondie à caractère directement opérationnel pour l’industrie. » déclare encore en 1962 le designer Alberto Rosselli. D’autres designers, s’impliquant eux-mêmes dans la conception des catalogues pour présenter leurs objets, développent progressivement une vision plus positive de la création publicitaire. Ils ont ainsi contribué à faire émerger la notion de design graphique, devenu depuis une discipline à part entière, avec le succès et la reconnaissance publique qu’on lui connait.

Clémentine Gaspard, octobre 2015