Contre-cultures, 1969-1989

La contre-culture, pilier essentiel de l’esprit français ?

Les Français, c’est bien connu, sont critiques et volontiers frondeurs. Et cela ne se réduit pas aux manifestations politiques ou sociales, dont l’emblématique Mai 68. Les désillusions nées de la crise économique des années 70 ont poussé dès les années 80s la contestation de l’ordre établi sur de nouveaux territoires : droits des minorités (immigrés, femmes, LGBT), mais aussi une contestation du rôle de l’art à travers une attitude « punk » menant à de nouvelles formes de musique et de graphisme.

C’est tout l’intérêt de l’exposition « L’Esprit français – Contre-cultures 1969-1989 », à la Maison Rouge à Paris jusqu’au 21 mai 2017, d’explorer ces « chemins de traverse » comme disent les commissaires Guillaume Désanges et François Piron. Plus que les affiches revendicatives, ce sont les créations de groupes comme Bérurier Noir en musique, Bazooka Production en graphisme ou les Editions Champ libre en littérature qui « renversent la table ». Et qui sont richement documentées ici dans les salles « Parallèles Diagonales » et « Violences intérieures ». Amateurs de graphisme, c’est l’occasion de revoir en détails le travail de Kiki et Loulou Picasso et plus généralement de leur collectif Bazooka Production, aussi bien dans les pages de Libé que dans leurs « graphzines » Le Regard Moderne et autres. Par contre, nous sommes moins séduits par la section « Danser sur les décombres » mettant en scène le dandysme décadent, la frime des beaux-quartiers des années 80 : Frédéric Beigbeder et son Caca’s Club alcoolisé partie intégrante de la contre-culture, vraiment ?

Les contre-cultures, cette « nébuleuse trouble de pratiques autonomes » (dixit Guillaume Désanges et François Piron) sont toujours présentes dans notre société, le récent mouvement Nuit Debout en témoigne. = Cet esprit irrévérencieux, parfois arrogant ou équivoque, fait partie de la psyché collective et contribue à sa diversité. Le côté sombre (ou lumineux selon vos préférences) indissociable de la French touch, en quelque sorte…

Paul Schmitt, avril 2017

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