Henning Wagenbreth, Kazumasa Nagai, We love books!, Revues underground

Que la fête commence ! Avec en  expositions à la Cité des Arts de Paris: livres, fanzines underground, posters du monde entier, et un focus sur Henning Wagenbreth et Kazumasa Nagai.

Après la Cité de la Mode et du Design pour la Fête du Graphisme 2014, Michel Bouvet et son équipe ont choisi la Cité des Arts en bordure du Marais comme lieu d’expositions. Du coup, cette Fête du Graphisme se prolonge heureusement sur 3 semaines, jusqu’au 8 février 2015, au lieu d’un seul week-end en 2014.

Quatre thématiques sont ainsi explorées, de quoi satisfaire aussi bien le grand public pour une courte visite que les amateurs et professionnels désireux d’approfondir le sujet. Visite guidée des lieux avec Michel Bouvet, Commissaire général des expositions,  et Alain Le Quernec, Carte Blanche.

Utopies et réalités : Henning Wagenbreth et Kazsumasa Nagai
De styles très différents, l’allemand Henning Wagenbreth et le maître japonais Kazumasa Nagai ont en commun selon Michel Bouvet d’avoir fait de leurs rêves  des réalités artistiques, de transformer les commandes des clients en œuvres singulières.

Né en Allemagne de l’Est, Henning Wagenbreth a développé son style coloré et expressionniste à la fois depuis la chute du Mur. Ses affiches foisonnantes sont néanmoins soigneusement construites : un sujet central résume l’idée de l’affiche, entouré de saynètes latérales qui enrichissent le propos. Et Henning Wagenbreth s’est souvenu de sa formation en typographie pour mieux en transgresser les règles dans ses créations. Affichiste, il fait aussi du design éditorial et on retrouve certaines de ses créations dans l’exposition We love Books !

Né en 1929 à Osaka (Japon), Kazumasa Nagai est un des 4 grands graphistes japonais ayant dirigé le Nippon Design Center à l’origine du renouveau du design japonais dans les années 60. En sus de ses travaux commerciaux, Kazumasa Nagai est un affichiste apprécié des institutions culturelles japonaises par son style mariant tradition, dextérité et créativité. Il poursuit un graphisme « qui rend les gens heureux » et aime rendre hommage à la nature dans ses œuvres.

Posters de l’Alliance Française et Carte Blanche à Alain Le Quernec
Résultat d’un concours lancé par l’Alliance Française, organisme chargé du rayonnement culturel de la France internationalement, une centaine de posters montrent des villes du monde entier vues par leurs habitants. Affichés sur les grilles entourant la Cité des Arts, ces posters permettent de découvrir des villes parfois peu connues et des graphistes tout aussi peu connus.

En face, sur les murs de la bibliothèque Forney, Alain Le Quernec contribue son affiche Espoir, en quelque sorte une carte de vœux pour que 2015 ne soit pas une « année de chien de garde ». Prémonitoire…

We love Books ! A World Tour in Paris

Prolongeant une exposition du mois du graphisme d’Echirolles 2008, l’équipe de la Fête du Graphisme a fait venir près de 500 livres pour ce tour du monde du design de livres. Classés géographiquement, les livres de We love Books ! offrent des face-à-face intéressants, avec par exemple une édition anglaise tout en raffinements décoratifs face au design fonctionnaliste de l’édition italienne. Côté français, on retrouve des livres designés par Philippe Apeloig, Ruedi Baur et Frédéric Teschner.

Underground. Revues alternatives.

Le design volontairement hors normes des revues alternatives vient en contrepoint du design de livres. Quelque 800 productions, pour la plupart prêtées par des collectionneurs, jalonnent la période de 1957 à 2014. La contre-culture US, qui a connu son apogée de 1965 à 1975, est bien sûr abondamment documentée. En France, l’exposition démarre avec l’emblématique revue Actuel sous la houlette de Jean-François Bizot dans les années 70s. A ce graphisme inspiré par le psychédélisme succède dans les années 80s un graphisme plus punk incarné notamment par Bazooka.

Et plus on va vers les années 2000, plus la typographie cède la place au dessin : la revendication change de nature, devient moins politique, plus axée vers l’objet lui-même, favorisant la micro-édition et les petits tirages comme les éditions de La Chienne de JJ Tachdjian. Michel Bouvet note aussi deux tendances opposées dans ce graphisme hors-marché : « On remplit tout » à l’image des publications psychédéliques, ou bien un graphisme plus proche du design graphique traditionnel avec un travail de la typographie, etc.

Impossible évidemment d’épuiser la richesse des créations exposées en une seule fois : faites comme nous, programmez-vous plusieurs visites ! Et dès la semaine prochaine, rendez-vous sur les Champs Elysées pour le second volet de cette Fête du Graphisme 2015 avec les affiches de Célébrer la Terre.

Paul Schmitt, janvier 2015

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