Loupot
Il se décrivait peintre d’affiches plutôt qu’affichiste, il fut surtout un artiste raffiné.
Parmi les affichistes français du XXème siècle, Charles Loupot (1892-1962) a moins marqué les esprits que Cassandre ou même Carlu ou Paul Colin. Sa dernière rétrospective date de 1978 ! Peut-être parce que cet homme discret a changé plusieurs fois de style : maniériste dans les années 20 à ses débuts en Suisse, Art Déco dans les années 30-40 quand il s’est établi à Paris, moderniste dans les années 50.
Loupot se distingue par sa finesse d’analyse et le charme de son art. Il a une relation professionnelle féconde avec ses principaux clients : Eugène Schueller, fondateur de L’Oréal, pour qui il invente le bonhomme Valentine en 1928 ; et Max Augier, directeur de la publicité des apéritifs St Raphaël, pour qui il remodèle en 1938 le logo et les deux garçons de café iconiques de la marque. Mais le plus remarquable reste sa peinture de modèles féminins, éthérés comme celui de l’affiche « Ambre solaire » (1936) ou proches de l’abstraction comme le visage de femme pour Coty en 1938. Une tendance minimaliste qui se poursuit après-guerre et débouche sur des logos épurés comme celui d’Air Liquide.
Après le musée de l’imprimerie et de la communication graphique de Lyon en 2016, cet art délicat revit à la bibliothèque Forney à Paris jusqu’au 26 mai 2018 : laissons le charme opérer.
Clémentine Gaspard, avril 2016 & février 2018