Alex Varenne

L’auteur d’Erma Jaguar et autres classiques de la BD érotique expose ses dessins et toiles.

Pas aussi connu que Milo Manara et son Déclic, Alex Varenne aura néanmoins marqué la BD érotique des années 80-90. Sa trilogie des aventures d’Erma Jaguar, amazone en bustier en quête d’aventures dans la ville, a fait les beaux jours de l’Echo des Savanes et de l’éditeur Albin Michel. Ardeur, Angoisse et colère, Erma Jaguar, les Larmes du sexe, Kiro… Plus de 30 albums de bande dessinée, des histoires courtes ou des séries, des adaptations de romans, des portfolios, des livres d’art, des toiles, des plexis… Alex Varenne, né à Saint-Germain-au-Mont-d’Or, près de Lyon, est un artiste qui aborde depuis plus de trente ans la bande dessinée et le pop art avec le même bonheur.

Enseignant en arts plastiques et peintre, Alex Varenne crée dans les années 70, avec son frère Daniel au scénario, Ardeur, une saga post-atomique en bandes dessinées (d’abord publiée dans Charlie Mensuel). Cette série expressionniste très marquée par les ombres et lumières du cinéma allemand de l’entre-deux guerres montre son trait souple et son art du noir et blanc. Le duo réalisera une dizaine de bandes dessinées comme L'Affaire Landscape, Corps à corps et Un Tueur passe avant la séparation.

À partir des années 80, Alex Varenne se consacre à la réalisation d’albums érotiques (Erma Jaguar, Lola), toujours en noir et blanc, en gardant une ambiance graphique digne des comics américains d’après-guerre, pas très loin de l’inspiration d’un Roy Lichtenstein. Il publie dans l’Echo des Savanes, Playboy, Penthouse Comics…

Depuis 2000, plus intime, Alex Varenne est revenu à la peinture. Avec son style figuratif et de larges aplats de couleurs, il reste dans le domaine de l’érotique et met en scène ses rêves et ses fantasmes.
Un visage, un corps, une étreinte…  En quelques lignes claires, légères et vives à la fois, qui empruntent autant à la BD qu’à l’estampe japonaise, Varenne nous montre l’amour, l’abandon, le désir, sans fard. Il n’hésite pas, parfois, à interpréter ou à réinventer certains chefs d’œuvre classique (Vinci, Caravage, Courbet, Ingres…). Hymne à l’érotisme et au mystère féminin, son œuvre hésite entre trouble et enchantement.

Les liaisons entre BD et peinture sont faites d'aller-retours, comme l'a montré en 2012-2013 l'exposition "Art contemporain & BD" à laquelle a participé Alex Varenne. Voilà donc qu'en 2014 le dessinateur de BD s'est réveillé en lui. D'abord en commettant Strip Art, une série de toiles qui conjugue les codes de la BD et ceux de la peinture. Et surtout en renouant directement avec la BD: 14 ans après avoir publié les premières histoires de Yumi dans les pages du magazine Geisha, il reprend les crayons pour donner suite aux aventures amoureuses et érotiques du Docteur Steiner et de sa jeune assistante japonaise. Aventures publiées en juin 2014 dans l’album La Molécule du Désir chez l’Editeur Page 69.

Trente ans d’illustrations, cela valait bien une voire plusieurs rétrospectives. Après  la médiathèque Hermeland à Herblain, près de Nantes, en 2010, c'est au tour de la galerie Huberty Breyne à Paris de proposer un "Itinéraire libertin" du 19 juin au 12 septembre 2015. Albums, histoires courtes ou séries, adaptations de romans et portfolios sont mis en regard des toiles réalisées par Alex Varenne ces quinze dernières années. Une occasion de (re)découvrir un dessinateur et illustrateur hors pair.

Paul Schmitt, septembre 2010, mis à jour en juin 2015