Véronique Dorey, Ciou et Sachiko Kanaizumi

La déambulation entre merveilleux et monstrueux des dessinatrices Ciou, Véronique Dorey et Sachiko Kanaizumi.

Comme sa voisine à Paris la galerie Pied de Biche, Arts Factory donne la parole à une scène alternative qu’on ne voit pas souvent dans les manifestations officielles. Des trois illustratrices ici rassemblées jusqu’au 23 décembre 2015, on avait déjà vu les françaises Ciou au Pied de Biche justement, et Véronique Dorey dans la trilogie HEY ! à la galerie Saint-Pierre. S’y joint une nouvelle venue en Europe, la japonaise Sachiko Kanaizumi avec ses étranges nymphettes.

Véronique DOREY, humour noir et inquiétudes
D'abord coloriste pour la bande dessinée - elle a notamment oeuvré sur la trilogie Le roi des mouches du duo Mezzo / Pirus, Véronique Dorey crée au début des années 90 une suite d'images inspirée par la nostalgie des jouets de son enfance autour de bébés surdoués, conducteurs de bolides en tout genre. Suivront dans les années 2000 les couples légèrement névrosés de la série A time for love qui, sous l'apparente tranquillité d'un univers détournant habilement les codes de l'American way of life, font parfois surgir un humour noir des plus féroces. Entre 2011 et 2012, elle donne vie à son Bestiaire Enchanté, nouvelle série de peintures sur bois - exposée notamment par la revue HEY ! au musée de la Halle Saint Pierre - où d'évanescentes demoiselles apprivoisent animaux et créatures chimériques dans les méandres d'un Eden féerique.

Dans le cadre de l'exposition "Winter Tales", Véronique Dorey présente les illustrations réalisées pour Quatre coeurs imparfaits, la nouvelle de Véronique Ovaldé récemment publiée chez Thierry Magnier, ainsi qu'une série de dessins à la mine de plomb, aux ambiances sombres et inquiétantes.

CIOU et le « Necro-Kawai »
Ciou est née à Toulouse en 1981, où elle vit et travaille actuellement. Son univers, auto-qualifié de « Necro-Kawai », trouve très vite sa place au sein de la scène low-brow internationale en s’exposant dès 2004 à la galerie Flux Factory de New-York. Suivent de nombreuses expositions et déjà une monographie,  Ciou Collected Art, éditée par la galerie Kochxbos en 2014.

Entre rêve et cauchemar, les oeuvres de Ciou sont peuplées d’une envoutante galerie de créatures gentiment gothiques, sur fond de collages réalisés à base d’anciens livres de médecine et botanique. Pour sa participation à l’exposition "Winter Tales", Ciou présente un ensemble de peintures résolument baroques et colorées, associé à de somptueux dessins à l’encre de chine. Elle réalise par ailleurs le traditionnel walldrawing de la galerie, une fresque de 3 mètres sur 5 !

Sachiko KANAIZUMI, une beauté énigmatique et perturbante
Sachiko KANAIZUMI est une artiste japonaise née en 1976 à Kanagawa. Genève Elle est diplômée de TAMA, l’université d’art graphique de Tokyo où elle découvre très tôt les oeuvres de Bosch, Balthus, Mark Ryden et Henry Darger. Sachiko se dirige alors naturellement vers l’illustration et collabore avec différents magazines (Saji, Nylon …) ou créateurs comme Gwen Stefani et Sanrio.

Sa rigueur esthétique formelle, qui n’est pas sans rappeler l’art de l’ukiyo-e ou les maitres de l’animation du Studio Ghibli, lui permet de développer dans cette lignée un univers d’une beauté perturbante, à la lisière du fantastique, riche en références et thématiques obsessionnelles. La voilà partie à la conquête de l’Europe.

Edité par Clémentine Gaspard, novembre 2015