Les Cahiers Dessinés

Editeur de livres et de leur revue, Les Cahiers Dessinés exposent pour mieux révéler la diversité du noble art qu’est le dessin.

Collection et revue à la fois, Les Cahiers Dessinés sont publiés depuis 2002 par Frédéric Pajak. D’abord sous forme de collection chez l’éditeur Buchet-Castel, avant de voler de leurs propres ailes depuis 5 ans. Frédéric Pajak a ainsi commis une centaine d’ouvrages, sans restriction de genres, des dessins de la grotte Chauvet aux nombreux dessinateurs contemporains qui lui font confiance comme Kiki Smith ou Anna Sommer. Des livres généralement tirés entre 3 000 et  5 000 exemplaires sur papier ivoiré ou bouffant pour mettre en valeur les couleurs ou le trait. Et complétés par la revue annuelle Les Cahiers Dessinés, en quelque sorte une revue littéraire consacrée au dessin artistique.

« Le dessin n’a pas la place qu’il devrait avoir, selon Frédéric Pajak. Il est le parent pauvre des beaux-arts. Pourtant, nous dessinons depuis toujours, et depuis l’enfance. Nous dessinons partout. C’est peut-être pour cela que le dessin est si mal vu. On n’aime pas la légèreté. Pourtant, à l’instar du calligraphe qui perfectionne des années durant le même signe, combien faut-il dessiner et redessiner un visage pour qu’il dise enfin de quoi il est fait ? Il faut voir, et voir, c’est le contraire d’avoir vu. C’est un éternel recommencement. »

Pour mieux donner à voir, les Cahiers Dessinés se sont donc associés à la Halle Saint Pierre à Paris pour combiner le n°10 de la revue avec une exposition. « Rendre compte des territoires hétérodoxes de l’art » suivant l’expression de sa directrice Martine Lusardy, est la mission que se donne cette exposition « Les Cahiers dessinés : l’art du dessin », jusqu’au 14 août 2015, avec près de 700 œuvres provenant de 70 artistes sur les deux derniers siècles.

De fait, le parcours propose  un foisonnant mélange des genres: dessins d’artistes, dessins d’humour, dessins d’art brut… On y retrouve l’actualité avec certains des dessinateurs de Charlie Hebdo comme Willem et Siné. On admire des classiques : les dessins du peintre Pierre Alechinsky, un fidèle des Cahiers Dessinés, Roland Topor ou encore les Carnets Secrets de Tomi Ungerer, dessins qui lui ont valu d’être blacklisté aux USA plus habitués à ses illustrations pour enfants.

 Mais on y découvre aussi des choses plus inattendues comme les talents de dessinateur de Victor Hugo, ou encore le personnage incroyable qu’est Marcel Bascoulard, clochard s’habillant en femme et dessinant avec une précision photographique sa ville de Bourges dans les années 40, tout en datant ses oeuvres en allemand et en les signant en alphabet cyrillique ! Heureux et bienvenu mélange des genres…

Paul Schmitt, janvier 2015