Banques d'images (suite)

Fotolia : l'extra-terrestre

Fotolia, c'est l'exemple-type de l'entreprise née d'une bonne idée qu'on aurait tous pu avoir mais qu'on n'a pas eu. Lui, l'a eu. Rencontre avec Thibaud Elzière, PDG et porteur du projet Fotolia.

Pixelcreation : Comment est née Fotolia ?

Thibaud Elzière : Durant mes études en 2003, j'ai fait un stage dans le département communication d'une startup parisienne dirigée par Patrick et Oleg, mes actuels associés dans le projet Fotolia. Durant ce stage, j'ai été amené à acquérir des images libres de droits pour la conception de publicités. Nous avions un budget limité et le prix des images dépassait celui de la publicité elle-même. Nous avons alors imaginé le concept d'une place de marché de l'image numérique où chacun pourrait vendre ses photos, sans considération de la taille de son portfolio. Fin 2004, Fotolia était née et, quelques mois après seulement (fin 2005), la place de marché prenait les traits que nous lui connaissons aujourd'hui.

Pixelcreation : A quels besoins répond Fotolia ?

Thibaud Elzière : Nous disposons d'une base contenant plus de 370 000 images de grande qualité alimentée en continue (30 000 visuels par semaine) par des milliers de photographes à travers le monde. Fotolia offre des images hautes résolutions associées à une licence libre de droits permettant une utilisation de l'image sur tout support à partir de 1 euro.

Pixelcreation : Qui sont vos clients ?

Thibaud Elzière : En raison du concept Fotolia, l'éventail de nos clients est très large. Nous avons par exemples plusieurs entreprises du CAC40, certaines des plus grosses agences de communication française mais aussi des administrations, des banques et beaucoup de PME, de petites agences de design et web design et des designers freelance… A l'étranger, Allemagne, Espagne, USA et Angleterre, on retrouve la même pluralité de la clientèle.

Pixelcreation : Qui sont les photographes qui vous soumettent leurs images ?

Thibaud Elzière : Nous touchons tous types de photographes, du simple amateur, à l'amateur confirmé jusqu'au professionnel. Si aux Etats-Unis par exemple, la profession de photographes d'illustration (stock photographer) est reconnue, ce n'était pas encore le cas en France il y a quelques mois. Nous avons ainsi pu observer la transition de certains photographes professionnels (artistique, éditorial, événementiel) vers la photographie d'illustration.

Pixelcreation : Comment s'opère la sélection ?

Thibaud Elzière : La sélection est effectuée par une équipe dédiée qui traite plusieurs milliers d'images par jour. Elle se fait pour chaque pays indépendamment, afin de prendre en compte les spécificités de chaque photographe.

Pixelcreation : Comment rémunérez-vous vos photographes ?

Thibaud Elzière : Les photographes sont rémunérés sous forme de crédits pour chaque vente de leurs images. Les commissions sont très généreuses comparées à ce qui se fait dans les autres agences allant de 30% à 80% selon le type de licence achetée et le classement du photographe. Les crédits sont convertibles directement en argent via la solution Paypal (filiale d'eBay) et transférables sans frais vers son compte en banque personnel.

Pixelcreation : Quelles sont les tendances actuellement, en matière de photographie, qu'est-ce qui marche le mieux ?

Thibaud Elzière : Il y a, pour faire simple et générique, deux types d'images qui se vendent bien. D'une part, les représentations concrètes d'idée abstraites ou qui ne sont pas directement représentables : l'innovation, la créativité, la bonne santé, le régime, le silence, la douceur, la pluralité, le chômage etc… D'autres part, les images mettant en scène des situations avec des modèles comme par exemple : la réunion de travail, la recherche d'emploi, la vie en famille, l'adolescence, les sports extrêmes. Les images les plus vendues sont celles s'éloignant des clichés qui arrivent à mettre en scènes ces situations de manière originales et esthétiques (choix du cadrage, de l'environnement, des modèles).

Pixelcreation : Comment parvenez-vous à proposer des tarifs aussi faibles ?

Thibaud Elzière : Nous jouons sur le volume des transactions - nous vendons plusieurs milliers d'images par jour contre quelques dizaines chez certaines agences. Le photographe trouve donc son compte sur le volume plutôt que sur le prix. De plus, nous ne sommes finalement qu'un intermédiaire entre le photographe et le client. La chaîne d'acquisition est automatisée et c'est le photographe qui met en ligne et indexe lui-même ses images permettant ainsi de réduire très sensiblement les coûts de production et de mises en ligne.

Pixelcreation : Pensez-vous que le micro-paiement et d'une manière générale le libre de droits va supplanter les droits gérés ?

Thibaud Elzière : Le libre de droits est déjà en train de supplanter le droit géré. Le micro-paiement devrait prendre une part du marché de la photo libre de droit existant mais surtout ouvrir un nouveau marché pour les entreprises ne pouvant pas se permettre d'investir des centaines d'euros voir des milliers d'euros dans des images : PME, freelance etc. Fotolia permet de démocratiser l'accès légal aux images pour les petits et moyens budgets.

Plus d'infos : fotolia.fr.