Bettina Rheims

La féminité, questionnée, exposée, magnifiée.

Célèbre, provocante, ambigüe : il est devenu de bon ton de décrier Bettina Rheims comme une représentante de ces clinquantes années 80. On peut aussi considérer que Bettina Rheims a fait oeuvre de pionnière, s’interrogeant sur ce qu’est la féminité.

Au-delà des photos de mode et de célébrités, elle a abordé dès les années 90 la notion de genre avec sa série Modern Lovers (1990), présentée ici conjointement avec son pendant le plus récent, Gender Studies (2011). Cet intérêt pour le jeu des contraires transparait également dans la série Shanghai (2002) dont une partie est volontairement présentée en regard des photographies d’androgynes et de transsexuels.

A travers son sujet de prédilection, la femme, Bettina Rheims interroge surtout la notion de représentation. Elle est certes une faiseuse d’images, qui défend dans son approche éminemment contemporaine de la photographie une tradition picturale séculaire. Mais son sens de la narration l’entraine plus loin, vers des images qui en deviennent allégoriques. Troublantes, érotiques, mélancoliques ou mystérieuses, ses femmes bousculent nos préjugés de spectateurs.

Pour nous en persuader, la Maison Européenne de la Photographie a déployé, jusqu’au 27 mars 2016, 180 photos de Bettina Rheims sur trois étages de son hôtel particulier du Marais à Paris. Et l’éditeur Taschen accompagne cette rétrospective avec le livre Bettina Rheims, 500 photos qui elles-aussi couvrent 35 années d’une carrière au service de la féminité.

Clémentine Gaspard, mars 2016