La France De Richard Avedon

Photographe de mode ? Surtout pas : artiste !

Révélé dès les années 50 par ses photos de mode pour la revue Harper’s Bazaar, Richard Avedon (1923-2004) ne s’est jamais satisfait de ce statut. Certes, il a renouvelé ce genre en sortant du studio, en plaçant ses modèles dans la rue pour leur donner du mouvement, de la vitalité. Mais il voit la photo comme une forme d’art et utilise sa notoriété et sa technique à cette fin dans ses séries de portraits. Il bouscule inconnus comme célébrités dont il fait le portrait jusqu’à leur faire tomber le masque, pour que leur visage prenne une charge émotionnelle qui contraste avec le sempiternel fond blanc gris commun à ses photos de studio. Et ses livres de photos comme ses expositions sont mis en scène par lui-même avec autant de soin maniaque que de talent : narration, rythme, composition ou mise en page, rien ne lui échappe.

L’exposition « La France d’Avedon », à la BnF François Mitterrand à Paris jusqu’au 26 février 2017, se concentre sur les liens de l’américain Richard Avedon avec la France. Ses portraits de célébrités comme Catherine Deneuve, Yves Montand ou Simone Signoret au fil de ses voyages en France. Mais aussi le film Funny Face/Drôle de frimousse (1958), largement tourné en France, qui s’inspire de la carrière d’Avedon en tant que photographe de mode à Paris, et pour lequel il est consultant visuel, presque directeur artistique. Ensuite le livre Diary of a century (1970) consacré à Jacques Henri Lartigue et qu’ils composent ensemble en mai 1968, au milieu des émeutes au quartier latin. Et enfin sa collaboration à la revue française Egoïste sur neuf numéros répartis entre 1985 et 2004.

Richard Avedon s’étonnait de n’avoir jamais eu les honneurs d’un musée d'art français, alors que sa rétrospective de 1994 avait visité plusieurs grands musées d’Europe en plus des Etats-Unis. Après une première rétrospective au musée photographique du Jeu de Paume en 2008, justice lui est enfin rendue !

Clémentine Gaspard, février 2017