Tom Wood

L’irlandais Tom Wood, génie méconnu de la photographie britannique.

Ce n’est pas nous qui le disons, mais son ami et compatriote Martin Parr. Moins satirique que Martin Parr, Tom Wood a arpenté comme lui l’Angleterre populaire, de Liverpool aux plages de Brighton, photographiant scènes de rues et inconnus.

Depuis les années 2000, Tom Wood s’intéresse aussi à ce qu’il appelle la « question du paysage ». Installé au Pays de Galles depuis 2003, il y a bénéficié du soutien de l’Arts Council of Wales et Mostyn pour son travail sur le paysage. Il n’en a pas oublié pour autant sa terre natale, l’Irlande du Nord, que sa famille a dû quitter pour des raisons de religion quand il était petit : père protestant, mère catholique, cela posait problème en Irlande profonde (comté de Mayo) dans les années 50…

Il y retourne régulièrement depuis des années. Paysages, portraits et intérieurs pris sur quatre décennies révèlent la curiosité incisive mais bienveillante de Tom Wood pour son pays et son mode de vie traditionnel.

Deux expositions simultanées à Paris donnent à voir le talent de paysagiste de Tom Wood et la poésie douce-amère qui s’en dégage. La galerie Sit Down le montre, jusqu’au 20 décembre 2015, à l’œuvre au pays de Galles. Tom Wood livre de ce pays un « portrait noueux » selon l’expression du réalisateur Amaury Chardeau, où les hommes ont presque disparu, où les bêtes s’épanouissent dans un bocage que le photographe distord à l’aide d’un appareil panoramique dont il ne redresse pas les lignes déformées.

Et le Centre culturel irlandais se concentre jusqu’au 10 janvier 2016 sur la relation de Tom Wood au paysage irlandais. Des vues de ce paysage sauvage se combinent avec des portraits intimes de la vie quotidienne de cette communauté rurale qu’il affectionne tant – vie de la ferme et sa famille, intérieurs de cottages ou boutiques – souvent en format panoramique là-encore.

Et pour prolonger ces expositions, une publication en trois tomes intitulée Tom Wood: Landscapes sera éditée chez Steidl d’ici la fin de l’année.

Clémentine Gaspard, décembre 2015