Willy Rizzo

La double vie de Willy Rizzo : photographe de mode mais aussi designer de meubles.

Il avait  été à l’honneur au Salon de la Photo 2010, avant sa disparition en 2013. Depuis, un livre et une série d'expositions à l'initiative du studio Willy Rizzo à Paris cultivent sa mémoire. Dernière initiative, jusqu'au 25 juillet 2017, des photos emblématiques du Saint Tropez des années 50 à 80, lieu de nombre de ses "méfaits" comme photographe de mode et de célébrités.

Star parmi les stars, au point d’être caricaturé sous les traits du paparazzi Walter Rizzotto par Hergé dans Les Bijoux de la Castafiore, Willy Rizzo (1928-2013) a débuté comme photographe à 18 ans au journal France Dimanche en 1945. Devenu photographe de mode célèbre, époux de l’actrice Elsa Martinelli, il la suit à Rome en 1968 où il devient designer de meubles et d’intérieurs jusqu’en 1978. Pendant ces dix ans, Willy Rizzo, grand admirateur de la sophistication de Mies van der Rohe, du Corbusier et de Ruhlmann, a développé un style très facilement reconnaissable aujourd’hui. Ces pièces ont des lignes simples avec des formes géométriques bien marquées dans des matériaux minutieusement choisis, marquetés en chrome et laiton.  Un an après son décès en 2013, son épouse Dominique Rizzo redonne la parole à cette personnalité hors du commun dans cette monographie parue aux éditions Contrejour fin septembre 2014

De la photographie
« J’ai toujours considéré mon métier de photographe comme un métier de créateur à l’affût. Ma devise, je l’emprunte à Harry Meerson : « Tout dépend de ce qu’il y a en face mais ce qu’il y a en face, c’est aussi ce qu’il y a derrière. ». Je vois clair, si je vois quelque chose d’intéressant, j’ai besoin de le photographier. Je cherche toujours la même chose, tout en l’améliorant. C’est abstrait, mais difficile. Avec la photographie, on a le plaisir du rendez-vous. »

De la photographie de mode
« Je me suis dirigé vers la mode quand j’étais à Marie Claire, en 1954. Pour moi, la mode, c’est la discipline la plus difficile. Elle offre à celui qui s’y voue un champ de recherche et d’invention inépuisable. Avec pour seul décor un fond blanc ou gris, avec un Nikon ou un Hasselblad, à la lumière du jour ou à l’éclair des électroniques… Prendre une photo sur le vif est une chose, mais la photo de mode, c’est une page blanche. Il faut de la magie pour transformer un mannequin élégant, mais matériel, en créature de rêve. Il y a plusieurs façons de photographier la mode. Avec rien, il faut faire quelque chose d’important, il faut créer une histoire, une dynamique, un regard. C’est complètement un autre métier. »

De son approche du design

« En 1966, mon épouse Elsa Martinelli tournait beaucoup à Rome et, de mon côté, je faisais pas mal de photos de mode en Italie. Nous avions décidé d’acheter un appartement, je n’ai trouvé qu’un local commercial. Pour le transformer en appartement, j’ai engagé un groupe d’artisans du quartier. Le résultat était chic et révolutionnaire : murs bruns et or, cuisine argent et une toile noire au plafond. Les travaux terminés, il fallait le meubler. Je ne voulais ni de meubles anciens, ni scandinaves – du bois clair, du chrome, des meubles froids qui semblaient n’avoir jamais quitté la table à dessin de leur créateur. Je les trouvais inconfortables, ni assez simples, et je ne voulais surtout pas non plus une décoration psychédélique, la mode du moment. C’est pourquoi j’ai créé mes meubles. Je l’ai fait pour moi. J’ai commencé par dessiner des canapés et des tables basses avec des lignes modernes, un peu décadentes même, en évitant d’utiliser des matériaux pauvres.
 Je n’ai jamais eu l’intention de devenir un designer de meubles. Simplement, mes amis ont aimé ce que j’avais fait dans  mon appartement. Parmi ceux qui venaient dîner chez nous, il y en avait toujours un qui me demandait de décorer, ou redécorer, son appartement. Ils recherchaient un design contemporain pour des intérieurs traditionnels. Ensuite, le bouche à oreille – toujours très puissant à Rome – a fonctionné. J’en ai fait une cinquantaine. J’ai aussi meublé des appartements d’aristocrates dans les palais Borghèse et Ruspoli. J’en ai fait une dizaine. J’ignorais que ce n’était que le début. »

Positive attitude

« La photographie a commencé comme un plaisir, un jeu d’enfant adulte. Ça l’est toujours. Je me souviens d’une phrase de Coco Chanel : «Le malheur, on le crée. Je ne fabrique que du bonheur. » Voilà ce qu’elle m’a appris. Comme photographe ou designer. La vérité, c’est le bonheur. »

Clémentine Gaspard, septembre 2014 & mai 2017

Willy Rizzo
Photographies et textes de Willy Rizzo
Postface de Dominique Rizzo
Auteur : Dominique Rizzo
Editions Contrejour
Format : 24 x 33 cm
Pagination : 208 pages, relié
Prix 45 €