Panique au village

L'humour absurde et les personnages faussement naïfs de la série Panique au Village arrivent sur grand écran. Un bonheur pour ceux d'entre vous lassés des superproductions américaines.Et on vous rajoute même deux extraits VIDEO pour découvrir cet univers, au cas où...

 > EXTRAIT VIDEO 2 : Extinction des feux à la ferme de Steven et Janine

On a parfois parlé d'animation punk à propos de Panique au Village. Et c'est vrai que son animation minimaliste, ses décors et personnages faussement simplistes, aux allures de jouets des années 60, bref ce côté anti-superproduction américaine, font plutôt penser aux Sex Pistols qu'à un Prince ou une Beyoncé. D'ailleurs la musique est signée Dyonisos et French Cowboy, c'est dire...

L'aventure commence dans les années 90 : Stéphane Aubier et Vincent Patar, qui se sont rencontrés lors de leurs études à l’Institut des Beaux-Arts de Saint-Luc à Liège, sortent diplômés (avec Grande Distinction) de l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels de la Cambre de Bruxelles, atelier de cinéma d’animation, en 1991. Les deux réalisateurs se font connaître sous le pseudonyme des “Pic Pic”, référence aux personnages de leur premier succès Pic Pic André Shoow, trois dessins animés déjantés en 2D, contant les aventures absurdes d’un cochon prénommé Pic Pic le cochon magique qui aime se découper en tranches et d’André, le cheval qui aime s’accouder pour “pinter”.Ces courts-métrages sont plusieurs fois récompensés dans les festivals d’animation.

Panique au village : d'abord la série...
Changement de cap pour la série Panique au village (2000-2003 : un pilote de 4' et 20 épisodes de 5') où Stéphane Aubier et Vincent Patar misent sur une technique originale mêlant artisanat et modernité : réveiller les jouets de notre enfance pour en faire les personnages animés en volume d’une saga villageoise. Tout se déroule dans un décor de verts pâturages où vivent Cheval, sage et autoritaire, Cowboy et Indien, les deux frères ennemis qui ne cessent de se chamailler, ainsi que Steven le fermier et son épouse Janine. Panqiue au Village obéit à une logique enfantine : tout peut être associé et mélangé dans le jeu, les animaux de la ferme et ceux du zoo, un peloton de cyclistes et des chevaliers en armure, pourvu que cela provoque des chocs, des étincelles et des courses poursuites. Diffusée sur Canal+ en France et en  Belgique, Panique au village passe aussi en Grande Bretagne où le studio Aardman (Wallace et Gromit, Chicken Run, ou encore Souris City) en assure la distribution et le doublage. Ce succès poussera Stéphane Aubier et Vincent Patar à plancher sur un long métrage, inspiré de l'épisode Voleurs de cartes où les héros découvrent un monde parallèle au leur : l'Atlantide

... et le long métrage
La production est menée par La Parti Production, déjà producteur de la série ainsi que d'autres longs métrages (dont Peur(s) du Noir avec Prima Linea, sorti en 2008, et également distribué en France par Gébéka Films, voir notre galerie dans cette rubrique). Après trois années de production, Panique au village sort cet automne 2009.
Il aura fallu presque un an pour le tournage en stop motion (animation volume), moitié à Bruxelles au studio Beast Animation, moitié au Studio 352 à Luxembourg, coproduction oblige. Là-bas, les cinq animateurs et six décorateurs ont ainsi officié jusqu'en juin 2008 dans une pièce unique - sorte de grand hangar - divisée en espaces de travail : six plateaux de tournage disposés en "étoile" autour de l'atelier déco et de la réserve de figurines et accessoires. Au total, ils auront produit 144 000 images constituant 915 plans, à un rythme de croisière de 40 plans par semaine, et rempli ainsi 40 disques durs externes de 500 gigas chacun. Stéphane Aubier et Vincent Patar prétendent « avoir fait les marchés aux puces et récupéré les figurines d'indiens, de cowboys et d'animaux de la ferme maintenant délaissés par des enfants plutôt portés sur les dinosaures et les personnages de mangas », mais en fait Panique au village utilise 1500 figurines (dont 300 "Cow-Boy", 300 "Indien" et 250 "Cheval" pour les multiples poses) plus 24 000 bâtons à brochette (pour fixer les décors et soutenir les figurines) et 60 kilos de plasticine (pour fixer les figurines sur les décors)!
La dernière année, à partir de juin 2008, a été consacrée à la postproduction (effets spéciaux inclus), au montage, à la musique, et à l'enregistrement des voix. Aux voix, on retrouve Stéphane Aubier et Vincent Patar qui se réservent toujours leurs héros (Cow-boy pour le premier et Cheval pour le second). Benoît Poelvoorde réendosse le rôle de l’acariâtre Steven, Fred Jannin reprend celui de Gendarme et de Gérard. Une nouvelle voix aussi : l’actrice Jeanne Balibar prête sa voix à Madame Longrée, la jument prof de piano de Cheval et secrètement amoureuse de lui.Notre scène préférée, avous-le, est d'ailleurs celle ou Cheval et Madame Longrée dansent le slow, tendrement enlacés, au son de l'immortel tube « schlager » en allemand, Sag warum (1959), du luxembourgeois Camillo Felgen, à découvrir ici sur Youtube.
Dommage, nous n'avons pas cette séquence à vous montrer, il va  falloir aller voir le film!

Paul Schmitt, octobre 2009