Working promesse

Thème des expositions et sujet de recherches : les mutations du travail.

La Biennale Design de Saint Etienne ne cherche pas à mettre en exergue objets ou créations. Elle se veut plutôt lieu de découverte et d’exploration sous l’impulsion du pôle recherche de la Cité du design. « Le design mute, explique son directeur scientifique Olivier Peyricot : il passe de l’illustration du projet moderne par le design de beaux objets à un design de service, un design critique ou un design social. L’extension de ses territoires font apparaître un design en rupture sur ses fondamentaux (objets) mais de plus en plus puissant en tant qu’outil de conception social et politique. » Rien d’étonnant donc à ce que cette Biennale s’approprie le thème des mutations du travail, en privilégiant deux « symptômes clés » : digital labor et nouvelle organisation du travail à travers l’existence des tiers-lieux (Fablab, co-working place, hacker-space).

Concrètement, un parcours en dix étapes forme le cœur de cette Biennale à l’intérieur de la Cité du Design. Digital labor, Le bureau générique, Si automatique, Tiers lieux, etc. : le panorama des mutations du travail est vaste et varié. Même notre cuisine n’y échappe pas : « Le Foyer comme terminal industriel » examine comment les transferts des modes opératoires de l’ organisation scientifique du travail imaginée par Taylor ont dessiné petit à petit ce qui est devenu la cuisine moderne, avec une succession organisée d’outils (cuisson verticale, emballage-sous-vide, extraction de jus, yaourtière, cuisson accélérée) permettant aujourd’hui à l’usager d’être expert dans l’art de produire industriellement son alimentation quotidienne.

L’humour n’est pas absent de ce parcours, avec « La fin du travail » questionnant des pratiques d’évitement du travail : désengagement, stratégies multiples de survie ou même sabotage. L’ESADSE, l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne, y présente les réflexions de ses étudiants avec « Demain, c’est loin », projets des diplômés DNSEP art et design 2016. Et pour le versant international, place à Detroit, symbole d’une ville industrielle abandonnée jusqu’à faire officiellement faillite en 2013 et qui mise sur la créativité et le design pour remonter la pente.

La Biennale investit comme à l’accoutumée la ville de Saint Etienne avec des manifestations « Off ». Mentionnons en particulier l’initiative « Rue de la république du design », expérimentation qui questionne les nouveaux modes d’habiter et d’occupation des centres-villes. Activités innovantes (pop-up store, lieu de travail, de service, d’exposition) et différents modèles d’intervention (événementiel, performance, etc.) illustreront comment réactiver des espaces urbains qui, comme la rue de la République à Saint-Etienne, souffrent de la disparition de commerces et services traditionnels.

Ce foisonnement d’initiatives et de rencontres, avec pas moins de11 commissaires d’exposition, se tient du 9 mars au 9 avril 2017. Une semaine est plus particulièrement dédiée aux entreprises, du 20 au 26 mars 2017, avec le Forum Design & Innovation, des actions Réseaux, des ateliers, des labos mobiles et des remises de prix design.

Paul Schmitt, mars 2017