Les Sens du beau

Pendant un mois, Saint Etienne devient la capitale mondiale du design.

Moins concrète, plus conceptuelle que l’Observeur du Design, la Biennale du Design de Saint Etienne, jusqu’au 12 avril 2015 à la Cité du Design et à travers la ville, s’intéresse plus au process du design, à son questionnement, qu’à l’objet fini. Et a choisi pour cette édition 2015 de s’interroger sur « Les Sens du beau ». Vaste thématique, digne de figurer à un examen écrit d’entrée à une école d’art, souligne malicieusement Yann Fabès, directeur de l’Ecole supérieure d’art et design de Saint Etienne (ESADSE). Laquelle, en bon élève, répond à la question en invitant une demi-douzaine d’autres écoles de design européennes autour de la notion d’ « Essence du beau ».

De fait, peu de commissaires invités se sont tenus à cette thématique. Certes, des expositions comme Beauty as Unfinished Business, Serial Beauty ou celle sur Raymond Loewy (« La laideur se vend mal ») sont en plein sujet. Mais la plupart des quelque 55 expositions composant cette Biennale du Design l’ignorent superbement pour poursuivre leur propre agenda.

Expositions IN
Signe de reconnaissance, la Biennale du Design a ses expositions officielles (IN) occupant non seulement la Cité du Design mais aussi les principaux musées et lieux publics de Saint Etienne. Certaines sont récurrentes ici, comme Artifact, une sélection de projets issue de près de 500 candidatures internationales. Ou l’exposition des diplômés DNSEP 2014 de l’ESADSE (à voir dans notre rubrique Formations).

D’autres se concentrent sur un sujet précis, l’explorent à fond : matériaux  (Glass is Tomorrow), une pratique précise (Tuning), ou les évolutions du métier avec les exigences particulières du design numérique. Le public n’est pas oublié avec des expositions pédagogiques (Vous avez dit bizarre ? Le bestiaire) ou mobilisant l’espace urbain (Pleins phares, Banc d’essai). La Biennale du Design de Saint Etienne se voulant aussi internationale, le design coréen est l'invité d'honneur à travers Vitality 2014 (40 designers coréens).

A noter la semaine professionnelle « Business is IN » du 30 mars au 5 avril 2015 avec un forum Design & Innovation (le nouveau mantra pour réindustrialiser la France) et une convention d’affaires Design to Business : la Biennale de Saint Etienne n’est pas que conceptuelle !

Expositions OFF
Initiatives indépendantes de designers et artistes, le OFF de cette Biennale du Design, comme tout OFF qui se respecte, n’est que foisonnement d’idées défiant les classifications. Le design graphique n’est pas oublié avec des expositions Type is Sexy célébrant l’éperluette et l’Helvetica ! L’humour non plus avec Construire un I-meubles célébrant l’esprit steampunk, ou La Beauté du diable (l’engin de transport bien sûr).

Identité visuelle
Pour la création de l’identité visuelle de cette 9ème édition, l’équipe de la Biennale du Design de Saint Etienne a fait appel aux étudiants de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne (ESADSE). Encadrés par deux enseignants de l’École, Denis Coueignoux et Michel Lepetitdidier, une trentaine d’étudiants a travaillé en workshop depuis le mois d’octobre sur  la thématique de la Biennale : Les Sens du beau.

 Auteurs du projet retenu, Sylvain Reymondon et Lucas Ribeiro,  étudiants en 3ème année option design, ont abordé la question de l’esthétique via des textes, dessins et pictogrammes « La représentation du beau n’est pas universelle. Notre positionnement, au travers de nos visuels, a donc été de parler du beau grâce à un métalangage composé de textes, dessins et pictogrammes. Tous les éléments sont mis en friction, et dialoguent entre eux grâce à un jeu d’opposition entre les dessins et la typographie. Ils ouvrent une discussion avec les spectateurs, un partage d’idées et de visions sur la question de l’esthétique. » .

En tout 20 créations où dessin et pictogramme/contour se prêtent à des interprétations multiples proposées dans le texte adjacent : une belle réussite, qui conjugue avec bonheur identité, humour et respect de la thématique impartie.

Paul Schmitt, mars 2015