Caractère royal

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Le duo typographique de B&P Typefoundry a réinterprété un caractère historique, le Grandjean ou Romain du roi. Rebaptisé Romain BP, ils nous en racontent l'histoire exceptionnelle.

Dès l’invention de la lunette astronomique par Galilée en 1609, le ciel s’était révélé d’une richesse insoupçonnée: relief de la Lune, phases de Vénus, taches du Soleil, tout ceci bouleversait les notions que l’on avait alors sur l’univers et engageait à perfectionner l’instrumentation en vue d’autres découvertes.

Dans le même temps se produisent des mouvements d’idées entraînant une réforme des esprits ; la science scolastique, figée, recule au profit de ce qui deviendra la science moderne. Un peu partout en Europe on forme des Sociétés et des Académies, où l’on ébauche des recherches collectives. 

C’est dans ces circonstances qu'en 1665 quelques membres de la communauté scientifique française, dont particulièrement le physicien et astronome Auzout, élaborent le projet d’une "Compagnie des sciences et des arts". 

Louis XIV et Colbert vont satisfaire ce voeu dans le cadre d’un même plan : l’Académie royale des sciences tient sa première séance le 22 décembre 1666, créant l’Observatoire royal. Les deux créations sont liées, l’Observatoire étant alors destiné à servir de centre de travail pour les académiciens (salles des séances, laboratoires) aussi bien qu’à abriter les instruments conçus pour les observations astronomiques. 

En 1666, l’astronome Auzout suggère d’inscrire au programme de l’Académie l’étude des techniques artisanales, en vue de leurs améliorations. En 1675, Colbert fait lire un rapport invitant les académiciens à décrire "toutes les machines en usage dans la pratique de l’art". 

Une Commission est alors créée et décide de commencer par l’art qui conservera tous les autres : l’impression. Il s’agissait alors d’une description de toutes les techniques utilisées lors de la fabrication de livres mais aussi d’une étude des différents types de caractères existants : les caractères étrangers disparus ou existants ainsi que les différentes polices de caractères utilisées à cette époque (les différents caractères de textes, les caractères utilisés pour la science comme la chimie ou la physique ainsi que ceux utilisés pour la musique). 

Ne se limitant pas à une simple description des caractères existants, la Commission proposa alors la création de nouveaux caractères, sous forme de modèles. Il s’agissait en effet de rationaliser les lettres pour proposer une synthèse théorique de leurs structures et de leurs proportions. Ces modèles vont bien évidemment être influencés par les goûts et pratiques de l’époque, tant calligraphiques que typographiques.  

Profitant du projet, Jean Anisson, directeur de l’Imprimerie royale, proposa de renouveler la typographie royale en créant un nouveau caractère basé sur les travaux de la Commission. Ces nouveaux types royaux devaient servir dans un premier temps à la publication des Médailles du Roi, livre glorifiant le règne et les exploits de Louis XIV, puis à toute publication de l’Imprimerie royale. Ce fut la première police de caractère destinée a un usage privé.  

Pour l’exécution de ce caractère royal, on fit appel à Philippe Grandjean (élève de Malherbe Desportes), graveur et conservateur de la Fonderie royale qui participa aussi à la Commission.

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