Gérard Paris-Clavel

Graphiste mais surtout artiste, artisan, militant, agitateur.

Toujours en mouvement, Gérard Paris-Clavel continue à mettre ses images au service de son militantisme social. Convaincu que notre culture dominante à base de communication et de technologie rétrécit notre pensée et dilue notre esprit critique, il riposte en allant au contact des gens, en partageant ses images pour inciter à la lutte sociale. « Son style est celui d’un sport de combat, analyse le critique d’art Jean-Louis Pradel. Forcément inclassable, c’est parfaitement radical. Ça persiste typographiquement et ça signe pour redonner sang et vie à la culture visuelle. »

Et cela fait presque 50 ans que cela dure. « Après des études d’arts appliqués, j’ai eu la chance d’être l’élève de Henryk Tomaszewski aux Beaux-Arts de Varsovie. En mai 1968, j’ai pu expérimenter cet enseignement au sein des ateliers populaires et ensuite, lors de la création en 1969 de l’Institut de l’Environnement. C’était un lieu destiné à former des enseignants-chercheurs, j’y ai étudié deux années avec mes futurs camarades de Grapus. »  Gérard Paris-Clavel est certes célèbre pour être un des 3 fondateurs du collectif graphique Grapus (1970-1990), mais son engagement se prolonge avec les Graphistes Associés (1989-1992) en duo avec Vincent Perrottet. Et continue jusqu’à aujourd’hui avec l’association Ne pas plier, fondée en 1991 pour « mettre en œuvre mots et images, paroles et pensées au service des luttes sociales ». Un collectif qui dépasse le seul graphisme, qui comprend militants associatifs et chercheurs.

Gérard Paris-Clavel cherche un usage social et intellectuel de l’image le plus large possible. Pour lui, une affiche comme Money World trouve sa pleine expression au travers des commentaires qu’écrivent par -dessus des enfants d’une école. Et lui-même varie contexte et circonstances pour requalifier la forme et l’image. Le visuel de l’affiche Piéton dans la ville, initialement recherche sur la « dilution du citoyen », est ainsi transposé sur une plaque émaillée pour continuer les recherches visuelles à l’aide d’aimants ; et les résultats font à leur tour l’objet de reproductions en tracts ou autres « objets d’utilité sociale ».

Utopiste debout selon sa propre expression, Gérard Paris-Clavel veut « se placer sur le terrain des conflits sociaux, de l’éducation populaire et proposer des formes d’expression à donner aux luttes politiques d’aujourd’hui ». L’exposition à la Maison d’Art Bernard Anthonioz (MABA) à Nogent-sur-Marne (94), jusqu’au 12 novembre 2017, participe de cette aventure où le « je » se veut un vecteur d’échanges et de partages.

Paul Schmitt, septembre 2017