Le design graphique des films Animaux Fantastiques et Harry Potter
Découvrez le duo de designers graphiques derrière l’univers des films Harry Potter et de leur prequel Animaux Fantastiques.
Concept artist, character designer, chef décorateur : nous vous parlons souvent de ces métiers à la base du développement de films. Voici l’occasion de noter que le design graphique peut aussi jouer un rôle primordial au cinéma en donnant corps et crédibilité à l’univers où se joue un film : la prochaine sortie (16 novembre) d’Animaux fantastiques, prequel à la sagaHarry Potter qui se déroule non plus au Royaume-Uni mais à New York dans les années 20s avec comme héros un magicien, Newt Scamander, qui a le malheur de lâcher quelques monstres ravageurs en pleine ville, à la vue des « non-majs », équivalent newyorkais des moldus, cad des gens ordinaires comme vous et moi.
La galerie Arludik en profite pour inviter le studio MinaLima, composé du duo anglo-brésilien Miraphora Mina et Eduardo Lima, à montrer jusqu’au 4 mars 2017 leur travail de design graphique au service de la saga Harry Potter et maintenant d’Animaux Fantastiques. Et Miraphora Mina et Eduardo Lima récapitulent pour Pixelcreation 16 ans de travail et ce que veut dire design graphique dans l’univers du cinéma.
Qui est MinaLima ?
« Le studio que nous avons formé pour formaliser notre partenariat. Miraphora Mina a commencé à travailler en 2000 sur le premier film Harry Potter grâce aux production designers Stuart Craig et Stephenie Milan (hélas décédée en 2013) avec qui elle avait déjà travaillé sur d’autres films après des études à l’école d’art Central Saint Martins de Londres focalisées sur le design scénique pour le théâtre et le cinéma. Eduardo Lima a quitté son Rio natal après des études graphiques pour la rejoindre en 2002. Et notre équipe de 6-7 personnes est restée en place pour tous les films Harry Potter : 8 films sur une période de 11 ans ! Nous avons même continué en travaillant sur le design du parc à thème Harry Potter à Orlando (Floride) avant de rempiler pour cette nouvelle saga Animaux Fantastiques début 2015. Autant dire que nous n’avons jamais vraiment quitté cet univers parallèle de magiciens. »
« Notre travail : concevoir graphiquement les accessoires utilisés pour le tournage des films. Cela inclut les livres, les posters et enseignes sur les murs, les journaux (le Daily Prophet) mais aussi les motifs qu’on peut retrouver sur le sol, les murs ou même dans les cimetières… Du street art en quelque sorte. Nous avons par exemple dessiné en petit le motif de la tapisserie médiévale réalisée ensuite sur 10m pour le décor de Poudlard. Et nous avons conçu les objets magiques, packaging compris, en vente sur les 4 étages de la boutique Weasley. »
De quelle liberté de création disposez-vous ?
« Le script des Harry Potter a des références précises aux objets utilisés, ce qui aide beaucoup sans nous contraindre graphiquement. Le concept art du film s’attache aux personnages et scènes plutôt qu’aux objets. A nous de faire preuve d’imagination pour matérialiser cet environnement, lui donner une vraisemblance au service de l’histoire. Et nous avons la liberté de choisir pour cela les époques et styles qui nous semblent les meilleurs : le Moyen-Age pour les manuels historiques, l’Art Déco pour le dictatorial Ministère des Affaires Magiques, etc. »
Vos méthodes de travail ?
« Ces accessoires peuvent être magiques, mais nous les référençons dans le monde réel pour en faciliter la compréhension. Le Daily Prophet par exemple est structuré comme un journal, nous en avons dessiné le logo et utilisé des polices connues pour les titres. Le style était plus manuscrit au début, mais le Daily Prophet prend une allure de tabloïd quand il passe sous la coupe du Ministère des Affaires Magiques et prend parti contre Harry Potter. Un challenge pour nous a été d’apprendre à écrire des titres et accroches comme des journalistes ! »
« La partie du travail qui nous plaît le plus est la recherche avant le design. Pour les Animaux Fantastiques, nous sommes allés à New York fouiner dans les bibliothèques, les librairies d’occasion pour retrouver ce style des années 20 et définir l’identité visuelle du Magical Congress qui gère les magiciens là-bas. Notre meilleure trouvaille : une collection d’objets du quotidien d’alors abritée par l’Historical Society, collection que nous étions les premiers à consulter en 60 ans ! »
« Ensuite vient l’heure du design. Nous nous complétons et partageons naturellement le travail. Mina prend en charge ce qui est manuscrit et le travail à l’encre et préfère un design minimaliste. Eduardo au contraire aime ce qui est plus riche, plus orné. Mais à la fin, tout est réalisé en commun. Nous dessinons à la main, scannons beaucoup dessins et matières et utilisons l’ordinateur pour les finitions et pour varier les objets, par exemple pour changer les titres du Daily Prophet ou réaliser les 20 Cartes du Maraudeur qui apparaissent dans 4 Harry Potter différents. Le travail utilise beaucoup l’ordinateur, mais cela n’a pas toujours été le cas. Au début des années 2000, nous coupions et collions (« cut and paste ») encore à la main, sans Photoshop ! »
« Ce travail est tout d’application, va loin dans les détails. Nous avons investigué pour les Animaux Fantastiques les différences de vocabulaire et grammaire entre les Etats-Unis et l’Angleterre, examiné le langage et les noms utilisés par les boutiques de l’époque, etc. Sur les posters, journaux, brochures, tout est réalisé comme dans la vie réelle, même les mentions légales en petits caractères que vous ne pouvez lire à l’écran. La vraisemblance de l’univers créé est à ce prix. »
Un travail qui devrait continuer à occuper MinaLima pendant plusieurs années, peut-être une décennie : cette saga naissante Animaux Fantastiques devrait comprendre 5 films, si les résultats au box-office y consentent…
Paul Schmitt, novembre 2016
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