Roman Cieslewicz Zoom

Rétrospective sur un des (très) grands du graphisme français et polonais.

Nous vous avions déjà parlé de Roman Cieslewicz l'an passé pour sa rétrospective au Royal College of Art à Londres (voir notre galerie: ici). Avec une rétrospective nommée Zoom, la Cité de l'immigration à Paris nous donne à son tour l'occasion de revenir sur le parcours et l'oeuvre de ce grand graphiste et de vous offrir au passage une galerie de visuels complémentaires.

Roman Cieslewicz
Né en 1930, graphiste et affichiste polonais reconnu, Roman Cieslewicz émigre à Paris en 1963 "pour voir comment [ses] affiches résisteraient à la lumière des néons en Occident" . Le choc culturel est effectivement brutal : « A Paris, la masse de papier imprimé m'a provoqué à mon arrivée en 1963. La masse d'informations, de journaux, de prospectus, d'emballages... qui remplissent nos poubelles. La masse des choses éphémères, reflets du temps. » Et de fait, Roman Cieslewicz gardera toujours un regard décalé sur ce monde qu'il fera pourtant sien, jusqu'à sa disparition en 1996. Le succès comme graphiste et DA, aussi bien en presse (Elle avec Peter Knapp à ses débuts, Vogue et Libération plus tard) qu'en publicité ou affichage culturel (Centre Pompidou), ne lui fera jamais perdre ses capacités critiques vis-à-vis de la société et de la politique. Il participera d'ailleurs au mouvement Panique cofondé par son ami Roland Topor (dont les parents avaient eux-aussi émigré de Pologne avant-guerre)

Dans la grande tradition polonaise, comme Michal Batory après lui, Roman Cieslewicz se veut un manipulateur d'images: « J'essaie de poursuivre mon travail en croyant aux principes de Bosch, Cappiello, Marcel Duchamp, Rodtchenko et d'autres, à savoir qu'une image qui ne choque pas ne vaut rien. » L'inspiration de ces maîtres ne le quittera pas. Tout au long de son oeuvre, Roman Cieslewicz revisitera les peintres classiques et réalisera aussi bien des oeuvres surréalistes que d'inspiration pop art ou constructiviste. Ses armes favorites: le collage et le montage photographiques, d'abord noir et blanc puis couleur à partir des années 70. Mais avec des évolutions dans la construction géométrique de ses oeuvres. L'utilisation d'une  symétrie verticale est un de ses tours favoris dans les années 60-70 pour détourner l'image de sa fonction représentative et aller au-delà du réel. Fin des années 70 et dans les années 80, Roman Cieslewicz privilégiera plutôt la structuration dans l'espace et la typographie pour ses oeuvres.

L'exposition Zoom à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration
Logée dans le splendide palais Art Déco de la porte Dorée à Paris, dans ce qui fut le musée des colonies françaises, la Cité nationale de l'histoire de l'immigration s'est enrichie en 2010 d'un photomontage (Passage par Lwow) et de 71 collages de Roman Cieslewicz. Cet ensemble a impulsé la réalisation d'une exposition rétrospective Zoom en préambule à l'exposition Polonia sur l'immigration polonaise que la Cité organisera dès mars 2011. Grâce à des prêts de collectionneurs privés, plus d'une centaine d'oeuvres de Roman Cieslewicz sont à voir, couvrant l'ensemble de sa vie. Disons-le en toute simplicité: une exposition à ne pas manquer (jusqu'au 31 mai 2011 )pour tous ceux qui se veulent passionnés de graphisme. Et pour ceux qui voudraient profiter d'une visite-conférence de l'exposition, avec Isabelle Renard, commissaire de l'exposition et chargée de mission art contemporain à la Cité, c'est le samedi 5 mars à 15h30 (la date initialement prévue au 12 février a été reportée)


Paul Schmitt, février 2011
(Photos exposition: Paul Schmitt)