Shakespeare en affiches
Sans doute le sujet qui a le plus inspiré les affichistes du monde entier.
Quoi de plus universel que le théâtre de Shakespeare ? Ses pièces abordent des thèmes indémodables : amour, jalousie, soif de pouvoir, meurtre, remords, folie. Et l’intrigue tragique, burlesque ou méditative, les personnages mythiques prisonniers de leur destin, le langage tour à tour poétique ou vulgaire, continuent de fasciner les spectateurs. Pas étonnant que le répertoire shakespearien reste le plus joué à travers le monde.
Graphisme culturel oblige, presque tous les grands affichistes internationaux se sont mesurés, au fil du temps, à l’oeuvre immense de Shakespeare. Et le 400ème anniversaire de sa mort (23 avril 2016) suscite nombre de manifestations à travers le monde. Cet automne 2016, c'est au tour du Centre de la Gravure à La Louvière en Belgique d'exposer jusqu'au 8 janvier 2017 « Shakespeare à la folie, affiches internationales », reprise de l'exposition du Centre du graphisme d’Echirolles (38) en janvier 2016. Ce même Centre du graphisme d'Echirolles avait d'ailleurs creusé le sujet avec deux autres initiatives, « Michel Bouvet aime Shakespeare » et « Roméo et Juliette ou l’amour impossible » dans plusieurs lieux de l’agglomération grenobloise jusqu’au 31 mars 2016. Et Michel Bouvet lui-même sera de nouveau de la partie à La Louvière le 24 octobre 2016 pour deux rencontres sur le thème de l'affiche avec les étudiants en art.
Par ailleurs, le graphiste américain Mirko Ilic et le critique d’art Steven Heller – ce dernier déjà auteur de la série de livres Illustrators chez Taschen – se sont associés pour éditer fin 2015 la sommePresenting Shakespeare, 1 100 posters from around the world chez Princeton Architectural Press. De quoi se lancer dans une étude comparative, même en se concentrant comme nous sur les seuls graphistes contemporains.
On trouve dans cet aréopage d’affiches la variété de traitements qu’on pouvait attendre : de la reprise de symboles connus (le crâne pour Hamlet, le couteau pour Macbeth) à la typographie expressive deCatherine Zask ou Ralph Schraivogel, en passant par les montages photos deMichal Batoryet les illustrations symboliques des affichistes polonais classiques comme Stasys Eidrigevicius. Mais surtout on retrouve chez tous la même émulation, la même ardeur pour hisser leur création au niveau requis. Shakespeare, cela se mérite !
Paul Schmitt, mars 2016, complété septembre 2016