Michel Bouvet Typographies parallèles

Un témoignage, un hommage aux peintres de rue, et aussi un appel pour un graphisme populaire.

Michel Bouvet témoigne. Un témoignage photographique qui a aussi valeur d’engagement en faveur d’un graphisme populaire qui n’a plus guère droit de cité dans notre société de communication.

Célébrité aidant, Michel Bouvet expose dans nombre de pays. Et en profite pour partir à la découverte de ces pays, 2 ou 3 appareils photos en bandoulière : « J’ai commencé par photographier en argentique, puis avec un Konica, assez semblable à un Leica, et je me suis offert un Hasselblad panoramique que j’utilise toujours ». Michel Bouvet ne se prétend pas photographe, il documente les environnements et scènes de rue en mettant l’accent sur le graphisme populaire : enseignes, murs peints, graffiti. Des photos cadrées volontairement large, pour qu’on voie aussi la rue et les scènes de vie où s’inscrit cette « typographie vernaculaire ». Et certaines photos sont aussi des témoignages de moments historiques : l’Albanie 6 mois après la chute du communisme, l’Afrique du Sud juste après la fin de l’apartheid.

Michel Bouvet est affichiste et non typographe, mais pour lui la typographie ne se distingue pas de l’image : chaque mot a une sonorité, il faut trouver la typo qui s’accorde avec. Il travaille ses titres lettre par lettre, et ses photos de voyage sont à cet égard une source d’inspiration.
En même temps, Michel Bouvet pousse ici un cri d’alarme : la communication commerciale, normalisée, a stérilisé nos entrées de ville, nos rues. Les 75 cartes postales historiques que montre sa compagne Anita Gallego le prouvent : notre environnement a perdu de sa richesse, il y a urgence à ce que les graphistes ne s’intéressent pas qu’au graphisme institutionnel mais aussi au graphisme populaire. Urgence à ce qu’on travaille les enseignes et le lettrage, comme on le fait à Manchester pour prendre un exemple proche.

L’idée de Typographies Parallèles est venue à Michel Bouvet il y a un an et demi. Invité aux Gobelins, il avait préféré y montrer le travail de typographie vernaculaire à travers le monde plutôt que son propre travail. Avec sa compagne et artiste Anita Gallego, ils ont voulu étendre l’expérience en exposant à la Cité des Arts à Paris. Dans un vaste espace de 600m2 sont visibles un « typo-trip » de plus de 150 photos commentées, arrangées par continents et zones géographiques. En complément, les Voyages Typos d’Anita Gallego, sérigraphies de dessins de typographies réalisées au cours de ces voyages, mettent l’accent les différences de culture : prédominance des typos sans serif dans les pays latins, et au contraire  des serifs dans les pays anglo-saxons. Et un rapport à l’espace différent dans des pays comme le Japon où l’espace urbain est saturé d’enseignes et autres signes.

Une invitation au voyage visible sur place jusqu’au 9 avril 2013 et en livre aux Editions Terre bleue dès ce mois-ci. A noter: une rencontre avec Michel Bouvet sur ce thème de la typographie populaire, avec  signature de livres  aura lieu le jeudi 4 avril 2013 à 19h à la librairie Artazart à Paris.

Typographies parallèles
296 pages, 180 photographies
24,5x21,5 cm, 42€

 

 

 

 

 

Paul Schmitt, mars 2013