Triptyques

Photographe plasticien, Christophe Luxereau expose deux séries consacrées au devenir du corps hybridé aux nouvelles technologies : "Rhizomes" et "Psychotropes".

Entre réalité et dématérialisation, les nouvelles technologies influent sur le corps. Avec la série "Rhizomes", l'artiste opte pour une solution où le corps devient un support de technologie bioélectronique et zoomorphique. Assistés d'animaux artificiels qui améliorent leurs capacités, ces humains de demain étendent leur champs de perception : voir, entendre, se déplacer prennent une mesure inédite. Ainsi, le Gecom, un lézard, centralise l'ensemble des sons. Le Batterfly, un papillon, guide nos déplacements nocturnes. Enfin, le Callme, un calamar, est un interface tactile entre amants virtuels.

Travaillant avec le talent qu'on lui connaît le design de ces animaux-avatars, Christophe Luxereau délivre une vision de la robotisation globale de notre système de communication en forme de recherche prospective sur la forme sensible.

Avec sa série "Psychotropes", c'est aux contes enfantins que s'attaque le plasticien. A travers "Alice au pays des merveilles", "Peter Pan" et "La Belle au bois dormant", il analyse l'addiction à l'image virtuelle. L'univers d'Alice, créé par l'opiomane Lewis Carroll, ne ressemble-t-il pas à un jeu de plate-forme ? Peter Pan souffle une poudre blanche sur les enfants, les emportant vers une île sans adultes. N'a-t-on pas là un parallèle avec les "no life", ces joueurs extrêmes de jeux vidéo ? Aurore, piquée par un rouet, tombe dans un profond sommeil qui protège sa beauté à travers le temps, allégorie de l'intemporalité d'un avatar. L'artiste souligne cette dernière pièce d'un "memento mori" rappelant la fragilité de ces univers qui n'offrent qu'une apparente éternité.

Présentée sous la forme de trois boîtes renfermant une photographie dont la technique diffère selon le propos, Christophe Luxereau questionne avec "Psychotropes" la place du support et du numérique dans la photographie contemporaine. Elle n'est pas le reflet de la réalité. Mais est-elle le miroir des songes ?

Jusqu'au 30 avril 2008.
Galerie numeriscausa, 53 boulevard Beaumarchais, Paris 3e.
Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h.

Si vous aimez le travail de Christophe Luxereau, découvrez les "poupées" d'Alain Delorme.