Drôles de trames

Ou comment l’art s’approprie le concept de trame.

La trame, cad l’entrecroisement de lignes, est un concept aussi ancien que l’industrie. Le sens premier du mot fait référence au tissage d’étoffe où les fils transversaux, dits de trame, se croisent avec les fils de la chaîne. Le concept s’est élargi pour inclure tout maillage ou quadrillage, y compris au sens figuré. En imprimerie, on utilise traditionnellement des trames pour positionner les points d’impression sur le support. Et en télévision, les images sont entrelacées, car leurs lignes sont réparties en deux trames affichées l’une après l’autre. La trame est ainsi un procédé appliqué à beaucoup de domaines pour ordonner le processus de conception et fabrication.

En art, la préoccupation est évidemment autre : créer et non reproduire. Le concept de trame est détourné par nombre d’artistes pour développer une écriture, un mode d’expression propre. L’exposition « Drôles de trames » au Fresnoy à Tourcoing jusqu’au 8 mai 2016 réunit ainsi une dizaine d’artistes contemporains qui ont ce geste de tramer. On y retrouve des piliers de l’Op’art ou art cinétique comme Dan Flavin et François Morellet, tout comme l’artiste conceptuel Sol LeWitt. Et d’autres qui s’approprient la géométrie pour mieux la détourner tel Thomas Bayrle, ou encore la nient totalement dans une démarche volontairement archaïsante comme le moine italien Sidival Fila, véritable découverte de cette exposition. « Drôles de trames », ou comment rapprocher intelligemment des artistes dont les pratiques semblent a priori séparées.

Paul Schmitt, avril 2016

Galeries à voir sur le même sujet:

> American Icons

> Dynamo