Une autre histoire: BD, l'oeuvre peint
Un dialogue riche et étonnant entre bande dessinée et peinture.
Passer de la case d'album à la toile est une tentation à laquelle résistent peu d'auteurs de BD. C'est souvent un voyage, une pérégrination artistique, parfois de courte durée (Hergé), marquée d'aller-retours (Alex barbier, Paul Cuvelier) ou même d'exils définitifs de la BD (Denis Frémond, Pierre Guitton, Jean-Marc Rochette). Beaucoup vivent la peinture comme une respiration, une pratique aussi nécessaire que le dessin. Peut-être facilitée par le rapprochement (apparent? paradoxal?) des deux arts, la BD s'affranchissant à partir des années 70 (Druillet) des contraintes de la case et de la bulle, tandis que le Pop Art (Roy Lichtenstein, Keith Haring) fait le chemin inverse en "élevant" au niveau de la peinture, art majeur, cet art mineur et objet de consommation qu'est la bande dessinée.
BD et peinture entretiennent ainsi chez ces dessinateurs une relation complexe, entre alternance – voire grand écart – et similitude d'inspirations et de pratiques. C’est tout le tissu de cette relation, riche d’inflexions et de réflexion, qu'explore l’exposition du musée de la bande dessinée (Cité internationale de la BD et de l'Image d'Angoulême), jusqu'au 11 mars 2012. Quelque quarante auteurs y témoignent de ce dialogue, en juxtaposant images condensées ou multiples, minuscules ou monumentales.
Clémentine Gaspard, janvier 2012