Un siècle d’affiches politiques et sociales en bande dessinée

La BD se prête-t-elle à l’affiche ?

Après « Internationales Graphiques » et « Egalité mon œil! » plus tôt cette année, poursuivons notre incursion dans le graphisme militant : la Cité de la BD à Angoulême propose un siècle d’affiches politiques et sociales en bande dessinée jusqu’au 31 décembre 2016. Quelque 90 affiches prêtées par le collectionneur et auteur Michel Dixmier illustrent comment, dès avant 1914, la bande dessinée a été mise au service de la communication et de la propagande politique.

On peut y distinguer avec les commissaires Thierry GroenSteen et Michel Dixmier trois grandes catégories d’affiches :
- les affiches politiques créées par des dessinateurs connus (Wolinski, Cabu, Reiser, Willem, Copi, Tignous, Tardi, F’Murr, Hoviv…) ;
- les détournement d’extraits de bandes dessinées existantes ou de personnages célèbres (Bécassine, Popeye, Krazy Kat, Snoopy, Astérix, les Schtroumpfs…) enrôlés malgré eux. L’internationale situationniste, notamment, s’en fait une spécialité dès 1965 ;
- les affiches ayant l’aspect d’une page de bande dessinée et réalisées par des dessinateurs locaux qui ont choisi de diffuser le message militant sous forme d’une narration séquentielle en dessins.

Images d’Epinal, caricatures, détournement de héros reconnus, tous les styles sont ainsi représentés dans cette très intéressante exposition. Et on y voit bien les limites de l’exercice, malgré le talent des auteurs. La bande dessinée est une narration, l’affiche est un coup de poing visuel. Deux notions antagonistes et difficilement conciliables. L’affiche la plus réussie, et pas par hasard, est celle du graphiste Alain Le Quernec : il ne fait pas de BD, il utilise en visuel un personnage de BD, Bécassine, auquel il rajoute bouche et formes féminines pour la transformer en militante revendicatrice. Les affiches recouvertes d’une bande dessinée demandent un temps de lecture, ce qui les rend plus proches de l’affichette ou du tract politique. Entre démontrer, illustrer ou déclencher l’émotion, le militantisme aussi doit faire un choix…

Clémentine Gaspard, novembre 2016


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