Une édition culturelle et haute en couleurs !

En programmant tout à la fois une rétrospective consacrée au Polonais Tomaszewski, récemment disparu, mais également à 5 studios majeurs et cultureux de la scène berlinoise, mais aussi au très engagé Michel Quarez, le Festival de Chaumont réaffirme son amour du graphisme d'utilité publique.

Cette dix-septième édition du Festival international de l'Affiche et des Arts Graphiques de Chaumont marque le 5e pari relevé par la nouvelle équipe arrivée en 2002 : les directeurs artistiques Pierre Bernard, Alex Jordan et Vincent Perrottet et le délégué général Jean-François Millet. Cinq années au cours desquelles Chaumont a marqué un virage en épingle en direction de la modernité et du graphisme tel qu'il se pratique. Savant mélange d'expositions-hommages aux plus grands et d'explorations thématiques de ce qui se fait du plus créatif aujourd'hui, Chaumont présentait cette année encore un programme plus qu'alléchant. Jugez donc !

Les organisateurs ont ainsi choisi de rendre hommage à l'affichiste polonais Henryk Tomaszwski, disparu récemment. Une légende du graphisme engagé, d'auteur, qui aura marqué la génération aux manettes actuellement (on pense aux anciens Grapus, parmi lesquels figurent - tiens donc, Pierre Bernard et Alex Jordan). En voilà un autre que l'affiche polonaise a influencé, c'est le très libre Michel Quarez, qui a décoré de ses icônes bien membrées et fluorescentes les splendeurs de la Chapelle des Jésuites. L'homme aime la provocation et ne laisse jamais indifférent. Quarez chez les Jèses, tout un programme !

Tourné vers l'est, le Festival nous emmène aussi à la rencontre de cinq studios berlinois parmi les plus emblématiques de l'énergie artistique qui secoue la capitale allemande. Cyan (dont les affiches sont également à découvrir à la galerie Anatome), Atak ou encore Fons Hickmann séduisent par leurs approches radicalement modernes de la chose graphique. Décidément très germanique, Chaumont nous emmène ensuite à la (re)découverte de Frieder Grindler. Entre photographie et graphisme, son travail radical se pose comme un attentat aux habitudes de voir. Bucolique et pleine d'humour, enfin, la série d'affiches produites par un Jean-Marc Ballée de retour de sa résidence chaumontaise, imbrique les paysages de la ville à l'imagerie cinématographique, scénarisant un quotidien pas assez regardé.

Enfin, sachez que le russe Andrey Logvin a remporté le concours international, suivi du néerlandais Harmen Liemburg et des frenchies de M/M (Paris). Du côté des étudiants et du thème de leur concours Derrière la révolte des banlieues, c'est Baptiste Alchourroun, venu des Arts Déco de Strasbourg qui remporte sur la Premier prix, suivi par le québecois Olivier Beaudoin (de l'UQAM) et le français Jérémie Gasparutto (de LISAA Rennes).

Léonor de Bailliencourt - 05/2006

Jusqu'au 25 juin 2006.
Ville de Chaumont (52)