21e Festival international d'Affiches et de Graphisme

21 éditions, déjà, pour le Festival international d'Affiches et de Graphisme de Chaumont. Et première année à la tête de l'événement pour Etienne Hervy. Au menu, constructivisme russe, Logorama et interrogations sur la pratique du graphisme.

Affiches constructivistes russes : 1920/1940

Pour la première fois depuis plusieurs décennies, 110 affiches russes de la période constructiviste sortent de Russie.

Issues des collections exceptionnelles de la Bibliothèque Nationale de Russie à Saint Petersburg, elles sont présentées conjointement aux Silos, Maison du Livre et de l’Affiche et au château du grand jardin à Joinville (affiches de cinéma) dans une scénographie conçue par l’atelier Malte Martin.

Leur nombre, la diversité de leur sujet et surtout leur qualité plastique témoignent du rôle de l’affiche dans les premières années du régime soviétique. Signées par les élèves de Malévitch comme Rotchenko, par El Lissitzky, Klucis ou encore les frères Stenberg, elles sont la continuation directe des avant-gardes de la peinture. Leurs auteurs ont su inventer des principes durables dans la construction typographique, l’emploi de la photographie et du montage.

Moment essentiel dans l’histoire de l’art et du graphisme, cet élan sera arrêté net par le changement politique impulsé par l’arrivée de Staline au pouvoir et leur remplacement par le réalisme soviétique.

Logorama et le cimetière des marques

L’oscar 2010 du meilleur court-métrage est à Chaumont. Réalisé par H5 (François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain) et produit par Autour de Minuit: voir notre galerie sur logorama en rubrique Animation ici

Après un sévère casting, les auteurs ont réussi le tour de force de ne dénaturer aucun visuel en même temps que d’imaginer ces marques en volume.

À la Chapelle des Jésuites, H5 présente son film au coeur d’un cimetière de logos emblématiques victimes de la guerre économique. L’occasion d’aiguiser le regard sur ce patrimoine graphique qui, omniprésent n’est jamais regardé pour lui-même.

Logorama est un film d’animation et d’action dont tous les protagonistes - personnages, éléments de décors et accessoires - sont interprétés par les logos qui peuplent notre quotidien visuel.

Le graphisme, qu'est-ce que c'est ?

Le Garage municipal devient lieu d’expérimentation sur les développements possibles de la discipline et les systèmes graphiques dynamiques. Tempéré par la référence implicite à la chanson de Talking Heads, le sérieux de cette interrogation trouve sa pertinence dans la création annoncée à Chaumont d’un Centre International du Graphisme (CIG) et le renouvellement de la délégation générale et de la direction artistique du festival.
Là où la précédente équipe fondait son projet sur les convictions de ses directeurs artistiques, Étienne Hervy positionne le festival sur le questionnement d’une discipline en phase d’autonomisation et de redéfinition. Deux projets répondent à cette situation et affirment le graphisme comme discipline critique et médiatrice.

L’imprimé comme interface d’Internet.
Ce projet est une reprise de Design in question, une création de Ruedi Baur et de l’institut de recherche en design Design2context pour l’école barcelonaise Elisava. Si la version espagnole proposait de questionner le design, sa reconduction chaumontaise invite à proposer des réponses à la question :

Le graphisme, qu’est-ce que c’est ? Recueillies par un site Internet (conçu par le studio lyonnais Superscript2), les réponses de tout un chacun - graphiste étudiant ou quidam - sont interprétées graphiquement sous forme de blocs typographiques imprimés et progressivement collés sur un mur (4,5m x 15m). Participatif et évolutif, ce dispostif rend visible la diversité des perceptions et des points de vue sur une discipline en manque de (re)connaissance. La distribution des rôles entre l’homme et l’outil informatique est aussi questionnée, l’un “créant” un processus, l’autre “dessinant” les formes du résultat suivant les paramètres définis en amont.

Superficial / 1+6+15+20+15+6+1=64

Manuel Krebs et Dimitri Bruni livrent un carré brut de 7m de côté, percé d’une porte de 90cm de côté et d’1m20 de haut : le format des affiches suisses.

Passé de l’autre côté, le spectateur découvre son contenu : une série de 64 affiches qui sont autant de combinaisons des 6 fondamentaux du graphisme - contraste, forme, image figurative, typographie, texte et composition.

Chacun est représenté par un passage en sérigraphie et l’ensemble de leurs combinaisons possibles constitue cette série unique pour affirmer le foisonnement de la discipline et de ses possibles.

Les concours

Comme chaque année, le Festival de Chaumont a été le théâtre de l'affrontement graphique de designers professionnels et étudiants venus du monde entier.

Mais là où les concours (international et sélection française) réservés aux professionnels ont célébré de nouveaux élus, le concours Etudiants, tous à Chaumont ! qui draine jusqu'en Haute-Marne chaque année des foules joyeuses d'aspirants graphistes s'est terminé en eau de boudin : le jury a refusé de livrer un palmarès, jugeant l'ensemble des 1200 affiches reçues en-deça du niveau espéré.

Le palmarès des professionnels

1er prix : Ralph Schraivogel
2e prix : Fanette Mellier
3e prix : Eric Belousov
Excellence Award Icograda : Niklaus Troxler

Jusqu'au 20 juin 2010.
Ville de Chaumont (54).
Toutes les infos sur http://www.chaumont-graphisme.com.