Ruedi Baur designe le pavillon français à Francfort

Ruedi Baur, directeur artistique du pavillon français à la Foire du Livre de Francfort.

Cette semaine, du 10 au 15 octobre 2017, n’espérez pas joindre quelqu’un d’important dans le monde de l’édition de livres : ils sont tous à la Foire du Livre de Francfort, grand’messe annuelle de la profession. Et cette édition 2017 a pour invité d’honneur la France ; laquelle a choisi de mettre en avant la langue française comme espace d’hospitalité dans sa relation avec les autres langues et notamment celle du pays invitant : l’allemand. Une initiative de bon goût, d’autant que les organisateurs ont choisi Ruedi Baur, lui-même bilingue franco-allemand, pour en élaborer le langage visuel.

L’identité visuelle
« Le logotype déjà évoque, par sa forme, un livre bilingue dont ne resterait que le texte légèrement incurvé, explique Ruedi Baur ; et ce même principe se voit repris sur l’ensemble des supports d’information de la manifestation. Devenant reconnaissable, cettedouble page et sa disposition bilingue en fer à droite et fer à gauche permettent de passer de la signature à l’expression d’un contenu institutionnel, littéraire, scientifique, ou plus ludique. C’est bien la courbure de la typographie qui devient principale syntaxe de l’outil d’expression ».

Le choix de la typographie s’est porté sur la Daxline Pro. Son caractère à la fois simple et contemporain, ses capitales peu hautes par rapport aux minuscules atténuent la différence entre l’allemand, qui en compte un grand nombre et le français les employant simplement en début de phrase et pour les noms propres. Par un jeu croisé de graisse, on arrive à faire ressortir le titre en français et l’explication en allemand.

La scénographie
À l’origine de ce pavillon, un concours organisé dans le cadre de l’école de design de St Etienne (Esadse) et gagné par un groupe d’étudiants a permis de faire émerger le principe d’un pavillon à la fois bibliothèque, échafaudage et signalétique rassemblant en un même lieu la grande diversité de la création francophone. Ces partis pris ont été affinés ensuite par Éric Jourdan et Denis Coueignoux, deux enseignants de cette même école qui ont dessiné le pavillon.

Une structure de tasseaux de bois devient le fil conducteur de l’ensemble des éléments bâtis. Murs de séparation entre les différents thèmes, supports d’informations, tables et fond de scène deviennent les contenants d’une immense bibliothèque thématique présentant la grande richesse de l’édition francophone. L’atmosphère chaleureuse émanant de ces supports est mise en tension par une signalétique très présente relevant plus d’un centre urbain que d’un intérieur feutré. Le pavillon est renforcé d’un certain nombre d’extensions qui reprendront ses partis-pris dans la foire mais également dans la ville : la brasserie française, la librairie situées à proximité du pavillon, bien entendu la grande surface consacrée aux éditeurs français et des lieux d’activités post-foire.

Ce pavillon se présente en atelier plurilingue, où on joue avec les langues et surtout on met en valeur la richesse de la langue française, de ses multiples formes d’expression et de ses auteurs contemporains.

Paul Schmitt, octobre 2017